Pr Nathalie Salles (CHU de Bordeaux) : « La question de comment vieillir en santé nous a tous réunis »

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Publié le 31/01/2025
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Lors de son 44e congrès annuel fin novembre 2024, la Société française de gériatrie et gérontologie a annoncé par la voix de sa présidente sortante, la Pr Nathalie Salles, la création du consortium « Vieillissement, Vieillesses et Santé » composé des grandes forces de la spécialité.

Crédit photo : ISABELLE NEGRE

LE QUOTIDIEN : Qu’est-ce que le consortium « Vieillissement, Vieillesses et Santé » ?

Pr NATHALIE SALLES : Ce consortium est né du désir d’allier les forces des grandes fédérations et unions françaises gériatriques et gérontologiques afin de répondre aux questions de la société sur le vieillissement. Il est aujourd’hui composé de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG), avec sa nouvelle présidente la Pr Sylvie Bonin-Guillaume, l’Union des gérontopôles de France (UGF) présidée par Françoise Tenenbaum, l’IHU HealthAge à Toulouse fondé par le Pr Bruno Vellas, l’Institut de la longévité, des vieillesses et du vieillissement (ILVV) dirigé par Emmanuelle Cambois, le conseil national professionnel (CNP) de gériatrie présidé par le Pr Olivier Guérin ainsi que le Collège national des enseignants de gériatrie (CNEG), avec le Pr Gaëtan Gavazzi. Ce consortium est assez unique au monde, car il inclura les visions de tous les métiers de la gériatrie/gérontologie.

Que souhaitez-vous y accomplir ?

Nous nous connaissons tous depuis des années et travaillons déjà ensemble, ce consortium nous donnera la possibilité de traiter de façon holistique les problématiques sociétales auxquelles nous faisons face, comme le vieillissement démographique, l’accès aux soins, la prévention et la recherche, la formation des professionnels, les enjeux économiques… La pluralité de nos champs d’expertise, complémentaires, nous permet de délivrer une information complète et concrète. Je pense que nous sommes trop cloisonnés aujourd’hui, par exemple l’enseignement en gériatrie oublie de nombreux savoirs inhérents à la discipline telles que les sciences humaines et sociales.

Il y a un grand travail à réaliser sur l’âgisme qui devra d’abord passer par un changement de regard sur le vieillissement et par une réflexion sur l’inclusion

Une des premières actions que nous voudrions porter serait un « guichet unique » permettant de nous adresser une question à laquelle nous répondrons en transversalité. Nous souhaitons également réaliser une cartographie/brochure répertoriant les membres du consortium et leurs expertises. À terme, nous voudrions mettre en place des formations communes en gériatrie/gérontologie pour tous les métiers du vieillissement. Enfin, nous organiserons un séminaire au premier trimestre 2025 afin de coucher sur le papier tout ce que nous pouvons apporter et réfléchir aux différentes façons de nous solliciter. Il ne faut pas faire retomber le soufflé !

Quelles sont les premières questions auxquelles vous souhaitez répondre ?

Un sujet nous importe particulièrement : la prévention. Comment vivre en santé, en gardant une indépendance fonctionnelle et en se prémunissant au mieux des maladies chroniques ? Comment gagner ces années de vie ? Cette thématique doit être traitée sous tous les aspects de la géroscience, mais également par le prisme de la formation des soignants, des aidants, de l’habitat et du cadre de vie.

Il y a un grand travail à réaliser sur l’âgisme qui devra d’abord passer par un changement de regard sur le vieillissement et par une réflexion sur l’inclusion, les services dans les villes rurales, l’habitat inclusif et de demain, l’organisation du parcours patient et sa centralisation, le souhait des malades âgés d’être traités chez eux, l’attractivité des métiers du grand âge… Il y a également beaucoup à faire en valorisant ces professionnels et en leur donnant la parole. Ce sont des problématiques concrètes qui nous intéressent et intéresseront les pouvoirs publics, avec lesquels il sera important de collaborer, bien que nous ne souhaitions pas revêtir une casquette de répondeur politique. Pour résumer, je dirais que le consortium « Vieillissement, Vieillesses, Santé » souhaite répondre à la question « comment vieillir en santé et s’éloigner de la dépendance ? ».

Sur quels sujets les médecins pourraient-ils vous solliciter ?

Le médecin généraliste est souvent gêné avec les patients âgés polypathologiques, dont la prise en charge nécessite aussi des réponses sociales, éthiques, psychiatriques… Le consortium pourra formuler des pistes claires pour gérer ces cas et avoir un réseau à solliciter. Peut-être que cela peut faciliter la vie d’un médecin et lui donner accès à la formation et à la communication.

Vacciner les seniors, un devoir de prévention négligé selon l’Académie

Grippe, Covid-19, VRS, pneumocoque, zona, autant d’infections évitables qui pèsent pourtant très lourd sur la santé des plus âgés. L’Académie de médecine demande que ces cinq maladies deviennent des cibles prioritaires pour la vaccination des 65 ans et plus. La prévention augmente la durée de vie active et autonome, évite les formes graves et le déclin fonctionnel post-infectieux et diminue le fardeau économique associé.

Propos recueillis par Juliette Dunglas

Source : Le Quotidien du Médecin