La loi visant à renforcer le droit à l’IVG a été publiée au Journal officiel du 3 mars 2022, actant notamment l’allongement de deux semaines du délai légal, qui passe à 14 semaines de grossesse.
Alors qu’en France, environ 2 000 femmes seraient contraintes chaque année de se rendre à l’étranger en raison d’un dépassement des 12 semaines en vigueur jusqu’à présent, cette mesure « permettra de faciliter la prise en charge d’une partie d’entre elles », a salué le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) à l’occasion du congrès Pari(s) Santé Femme (Paris, 11-13 mai). Cependant, la profession alerte sur les « difficultés techniques et/ou organisationnelles que cela va engendrer » et les risques médicaux potentiels.
Une technique chirurgicale plus complexe
« La technique chirurgicale des IVG entre 12 et 14 semaines de grossesse est différente de l’aspiration-curetage et fait appel à des techniques dites de morcellation » plus complexes, auxquelles les praticiens français ne sont pas formés, souligne le Dr Geoffroy Robin (Lille), secrétaire général du CNGOF, « ce qui suscite pour certains beaucoup de crainte et d’angoisse et pourrait même en amener à démissionner ».
Par ailleurs, « il faut dilater beaucoup plus le col, ce qui demande parfois à être fait en plusieurs temps -avec éventuellement usage de laminaires- (...) et pose la question d’un éventuel impact pour les grossesses ultérieures », ajoute le Dr Cyril Huissoud, secrétaire général du CNGOF, la crainte étant d’induire des faiblesses et des béances cervicales qui peuvent conduire à des fausses couches tardives ou à des menaces d’accouchement prématuré. « De façon générale, toutes les études le montrent, même si les risques de l'IVG sont limités, ils vont en augmentant avec le terme de la grossesse », appuie le Pr Joëlle Belaisch Allart, présidente du CNGOF.
Certains proposent de favoriser l’IVG médicamenteuse à ces termes plus tardifs, comme en cas d’interruption médicale de grossesse, mais cela impose à la patiente un "mini-accouchement " et « nécessite une infrastructure et un personnel formé pour accompagner les femmes », souligne le Dr Robin.
Intervenir le plus rapidement possible
Ainsi, « vis-à-vis du grand public, cet allongement ne doit pas être considéré comme une possibilité de bénéficier de deux semaines supplémentaires pour se décider. Et l’objectif est toujours de prendre en charge les demandes d’IVG le plus rapidement possible », conclut le CNGOF.
À l’heure où, dans un certain nombre de pays, l’IVG est remis en question, la société savante a par ailleurs tenu à rappeler « son indéfectible soutien à ce droit fondamental ».
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