Revenu l'an dernier à son plus bas niveau en deux décennies, le déficit de la Sécu « se creuserait » de nouveau en 2019, entre 1,7 et 4,4 milliards d'euros, a indiqué la commission des comptes à l'AFP.
Il y a quelques mois, Agnès Buzyn et Gérald Darmanin annonçaient fièrement un déficit au plus bas depuis 2001 (-1,2 milliard d'euros) et prévoyaient, enfin, le retour à l'équilibre pour 2019.
Mais le vent a tourné et la promesse s'est fracassée sur la réalité du ralentissement économique et des chères concessions aux gilets jaunes.
Selon la commission des comptes, cette rechute « résulte pour l'essentiel d'une croissance de la masse salariale [...] nettement inférieure à la prévision initiale » du gouvernement.
Au lieu des 3,5 % espérés à l'automne, Bercy ne table plus que sur une progression de 3,1 %, selon le programme de stabilité transmis à Bruxelles en avril.
Mais à cause de la prime Macron votée en décembre (exonération totale de cotisations et d'impôts jusqu'à 1 000 euros), la Sécu devra se contenter de 2,9 %.
Soit, au bout du compte, des « recettes plus faibles qu'attendu » de l'ordre de 1,7 milliard d'euros, l'équivalent du montant du déficit prévu, dans le meilleur des cas.
Car l'addition pourrait se corser si l'État ne compensait pas à la Sécu les autres « mesures d'urgence » adoptées en fin d'année, au plus fort de la crise des Gilets jaunes.
L'exonération de cotisations sur les heures supplémentaires dès le 1er janvier et la baisse du taux CSG pour une partie des retraités coûteront « respectivement 1,2 et 1,5 milliard d'euros », estime la Commission des comptes.
De quoi aggraver le « creusement » du déficit « qui atteindrait alors 4,4 milliards », poursuit-elle, ajoutant que « la trajectoire de retour à l'équilibre de la Sécurité sociale pourrait être remise en cause ».
Conséquences en cascade
L'avenir s'annonce moins rose qu'espéré : avec une croissance économique revue de 1,7 % à 1,4 % cette année, le scénario d'une Sécu en excédent en 2020 « risquerait également d'être compromis ».
En plus de quoi il faudra financer les nouveaux gestes en faveur des retraités, annoncés par Emmanuel Macron en avril : réindexation d'une majorité de pensions sur l'inflation et augmentation du « minimum contributif » à 1 000 euros pour une carrière complète.
Deux mesures dont « le coût total est estimé à 1,5 milliard d'euros et détériorera d'autant le solde de la Sécurité sociale », prévient la Commission des comptes.
Cette « détérioration » durable viendrait compromettre un autre engagement de l'exécutif : la reprise et le remboursement d'un reliquat de 15 milliards de dette sociale, impossible avec des comptes dans le rouge, ce qui exposerait la Sécu au risque d'une remontée des taux d'intérêt.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation