En amont de la Journée mondiale de lutte contre le sida du 1er décembre, Santé publique France (SPF) appelle les professionnels de santé à renforcer les efforts en matière de dépistage du VIH mais aussi en termes de surveillance de l’épidémie, via notamment la déclaration obligatoire (DO).
L’activité de dépistage toujours en dessous du niveau de 2019
Concernant l’activité de dépistage, les données de surveillance publiées ce 29 novembre montrent qu’après avoir diminué de 13 % entre 2019 et 2020, suite au Covid, celle-ci a réaugmenté en 2021 « sans toutefois retrouver le niveau de 2019 (+8 %) », souligne SPF. D’où « un déficit du recours au dépistage », juge l’agence de santé publique. En 2021, 5,7 millions de sérologies VIH ont ainsi été réalisées par les laboratoires de biologie médicale contre 5,3 millions en 2020 et 6,1 millions en 2019.
Dans le même temps, après une forte diminution entre 2019 et 2020 (-22 %), le nombre de nouveaux diagnostics s’est stabilisé en 2021, avec 5 013 découvertes de séropositivité. Alors qu’elle survient dans un contexte de reprise des dépistages, cette stabilisation « pourrait être compatible avec une diminution du nombre de personnes contaminées non encore diagnostiquées », analyse Florence Lot, (direction des maladies infectieuses de Santé publique France). Cependant, dans la mesure où « il n’est pas possible de savoir si le regain de dépistage a concerné ou non les populations les plus exposées au VIH, cette tendance reste difficile à interpréter avec certitude en termes de dynamique de l’épidémie », nuance l’épidémiologiste.
Des découvertes de séropositivité encore trop tardives
Parmi ces découvertes de séropositivité, 51 % concernaient des personnes hétérosexuelles (dont 36 % nées à l’étranger), 44 % des hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH), 2 % des personnes trans contaminées par rapports sexuels et 1 % des usagers de drogues injectables.
Un peu moins d’un tiers (29 %) des infections à VIH ont été découvertes à un stade avancé de l’infection, soit une proportion qui ne baisse pas depuis plusieurs années. Ainsi, « il est vraiment nécessaire d’améliorer le dépistage pour diminuer cette part de diagnostics tardifs, insiste Florence Lot. Car plus l’infection à VIH est diagnostiquée tôt, plus les bénéfices du traitement sont importants, que ce soit au niveau individuel mais aussi collectif, permettant de lutter contre la transmission du VIH ».
Dans cette optique d'optimisation du dépistage, « il est important de remobiliser les professionnels de santé et les populations clés », insiste SPF qui appelle aussi biologistes et cliniciens à se réengager sur la surveillance de l’épidémie.
L'exhaustivité de la DO en baisse
« Depuis la pandémie à SARS-CoV-2, la participation des professionnels de santé aux différents systèmes de surveillance a baissé, notamment concernant le VIH », pointe SPF, chiffres à l’appui. Alors que l’infection par le VIH compte parmi les maladies à déclaration obligatoire, l’exhaustivité de la DO a été estimée à 59 % en 2021, contre respectivement 60 % en 2020, 68 % en 2019 et 74 % en 2018. D’où « des données rendues peu robustes, regrette SPF, qui doivent être interprétées avec prudence ». Pour expliquer ce moindre engagement des professionnels de santé, Florence Lot évoque notamment le Covid qui a mobilisé les biologistes sur d'autres priorités et les difficultés actuelles du système de soin.
IST, davantage de diagnostics d'infections à Chlamydia et à gonocoque
Pour les principales IST bactériennes (infections à Chlamydia trachomatis, gonococcies et syphilis) une ré-augmentation du dépistage a également été observée en 2021. Mais contrairement au VIH, celle-ci a permis de dépasser le niveau de dépistage de 2019. En 2021, 2,3 millions de personnes ont bénéficié au moins une fois d’un dépistage remboursé d’une infection à chlamydia trachomatis (+9 % par rapport à 2019), 2,7 millions d’un dépistage remboursé d’une infection à gonocoque (+6 %) et 2,8 millions d’un dépistage remboursé de la syphilis (+3 %).
Cette augmentation du dépistage des IST bactériennes en 2021, déjà observée sur les années antérieures, s’accompagne d’une augmentation du nombre de diagnostics des infections à Chlamydia trachomatis et à gonocoque, qui peut aussi être expliquée par une augmentation potentielle de l’incidence de ces IST. Par contre, le nombre de diagnostics de syphilis en CeGIDD reste relativement stable depuis 2016, avec un taux de positivité qui diminue chez les hommes mais pas chez les femmes, « ce qui nécessite une attention particulière », ce d'autant que « l’incidence des cas de syphilis vus en médecine générale a augmenté entre 2020 et 2021 ».
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