Pharmacovigilance

Vaccin anti-Covid, des effets secondaires bien détectés mais insuffisamment relayés

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Publié le 13/06/2022
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Dans un rapport publié le 9 juin, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques dresse un bilan en demi-teinte de la gestion des effets indésirables consécutifs à la vaccination anti-Covid-19 en France.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Si la France a su mettre en place un système de pharmacovigilance des vaccins anti-Covid efficace, la communication sur les effets secondaires détectés et la considération des victimes ont été insuffisantes. Telle est la conclusion d’un rapport d'étape de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques rendu public le 9 juin. Répondant à une saisine de la commission des affaires sociales du Sénat, suite à une pétition citoyenne, ce travail propose un état des lieux sur les effets indésirables consécutifs à la vaccination contre le Covid-19 et sur le système français de pharmacovigilance. Les rapporteurs ont entendu au printemps 2022 plus de 50 intervenants des différentes parties prenantes et mené une audition publique le 24 mai.

Deux approches de surveillance complémentaires

À l’issue de cet exercice, l’Office parlementaire salue un « système de surveillance des médicaments, piloté par l’ANSM, (qui) a fait preuve d’une mobilisation remarquable et d’une transparence inédite au cours de la campagne vaccinale contre la Covid-19 ».

Comme le rappelle le rapport, la surveillance des vaccins anti-Covid s’est appuyée à la fois sur les centres de pharmacovigilance qui ont analysé les déclarations d’évènements indésirables qui leur parvenaient et sur les études de pharmaco-épidémiologie menées par le groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare permettant d’identifier des signaux à grande échelle.

« Ces deux approches complémentaires ont permis d’identifier rapidement les signaux de vigilance, d’affiner en temps quasi réel l’estimation de la balance bénéfices/risques associée à chaque vaccin et, lorsque nécessaire, de faire évoluer rapidement leur place dans la campagne de vaccination ».

L’Office appelle donc à conforter, voire renforcer ces dispositifs qui « sont au cœur d’un système de sécurité sanitaire qui a permis de maîtriser le risque médicamenteux de façon efficace ».

Une communication sur l’existence d’effets indésirables peu visible

Le constat est plus sévère concernant la communication sur les effets secondaires et la prise en compte des personnes concernées.

Si « l’ANSM, a fait montre d’une transparence inédite en publiant régulièrement les rapports de pharmacovigilance sur son site internet », l’Office parlementaire « regrette que la communication institutionnelle sur les effets indésirables ait été trop discrète par rapport à celle incitant à la vaccination ».

À ce titre, le traitement de la suspicion du lien entre vaccination et troubles menstruels est révélateur, estime le rapport dénonçant une « communication qui a tenté de rassurer au motif que les troubles menstruels sont fréquents, spontanément résolutifs et peuvent être dus au stress » alors que certains tableaux « ont pu légitimement surprendre et inquiéter, comme les métrorragies et ménorragies soudaines et massives ». Pour l’Office parlementaire, « ce sujet est un exemple emblématique de la nécessité de communiquer à grande échelle car les troubles menstruels étant largement tabous, il est possible que des femmes n’aient pas consulté et soient restées sans réponse ».

Lorsqu’il a été question des effets indésirables graves, l’information a par contre été plus amplement relayée comme pour les thromboses atypiques associées au vaccin Vaxzevria. Cet épisode « a illustré le "coût" de la transparence en matière d'adhésion à la vaccination puisque la réputation du vaccin a été définitivement entachée, ce qui a conduit à ce qu’il soit sous-utilisé, à un moment où la France ne disposait pas encore de suffisamment de doses pour protéger sa population et alors que la balance bénéfices/risques restait positive pour la majorité des personnes ».

Les victimes d’effets secondaires en manque de reconnaissance

Le rapport pointe enfin une considération insuffisante des personnes ayant présenté des effets secondaires post-vaccinaux. « Les témoignages reçus ainsi que les représentants d’associations et collectifs ont fait état d’un manque de reconnaissance de leur qualité de victime d’effets indésirables, non seulement auprès des médecins – qui, d’après eux, opposent souvent, et sans chercher à en savoir plus, un non catégorique sur la possibilité d’un lien entre les symptômes et la vaccination – mais aussi vis-à-vis de la population générale », dénonce l’Office parlementaire.

Pour ces personnes, les rapporteurs regrettent par ailleurs que les possibilités d’indemnisation n’aient pas été plus largement communiquées auprès de la population.

Autant d’éléments qui ont pu contribuer à renforcer la défiance vaccinale alors que « la crainte d’effets indésirables demeure la principale raison de non-adhésion à la vaccination », rappelle le rapport.

 

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr