La lutte contre les « fake med » n’est pas une affaire franco-française, Ce lundi est paru dans plusieurs grands journaux européens, un manifeste contre les pseudosciences en santé, signé par plus de trente associations « scientifiques ou sceptiques », issues de 44 pays dans le monde. En France, la tribune a été publiée dans Le Figaro et parmi les cosignataires on retrouve le collectif Fakemed, à l’origine de la campagne qui a mené au déremboursement de l’homéopathie dans le pays.
Si les signataires ont décidé de porter leur combat à l’échelle européenne, c’est justement parce qu’en tête de leurs griefs, il y a la directive européenne 2001/83/CE, qui considère le produit homéopathique comme un médicament. « Il a été offert à de puissants lobbies de redéfinir ce qu’est un médicament, leur permettant de vendre du sucre à des personnes malades en leur faisant croire qu’il peut les guérir ou améliorer leur santé », écrivent les associations dans la tribune, ajoutant que « les connaissances scientifiques ne peuvent se plier aux intérêts économiques de quelques-uns ».
L'homéopathie mais pas seulement
Au-delà du combat contre la promotion de l’homéopathie, les auteurs du manifeste s’attaquent à l’ensemble des « pseudo-médecines ». Ils estiment que l’Europe doit non seulement mettre fin à la promotion de l’homéopathie, « mais aussi lutter activement contre les escroqueries sanitaires, qui impliquent plus de 150 pseudo-thérapies sévissant sur notre territoire ». Ils citent notamment l’acupuncture, le reiki, la nouvelle médecine germanique, le biomagnétisme, l’iridologie ou la thérapie orthomoléculaire. « Elles ont une certaine dangerosité, explique le Dr Cyril Vidal, président du collectif Fakemed, parfois directement par l’acte pratiqué, parfois en détournant les patients de la médecine et parfois par des risques de dérives sectaires ». À ce titre, en France, le rattachement de la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) au ministère de l’Intérieur est un « mauvais message envoyé » selon le Dr Vidal. « Ce n’est pas mieux d’être sous l’égide du ministère de l’Intérieur plutôt que sous celui du Premier ministre comme auparavant, c’est un signe de diminution du champ d’action et des équipes de la Miviludes et on espère que le gouvernement fera marche arrière. »
L'Ordre doit prendre ses responsabilités
La liberté de choix de soins souvent opposée pour expliquer le manque d’action contre les pseudo-thérapies n’est pas recevable selon la tribune. « Tout citoyen peut renoncer à un traitement médical à la condition qu’il ait été correctement informé, mais personne n’a le droit de lui mentir pour le détourner de soins efficaces et obtenir un gain financier aux dépens de sa vie », écrivent les signataires. Pour eux autoriser le commerce de l’homéopathie ou autre pseudo-thérapie revient à considérer qu’il est « éthique de mentir à une personne malade aux seules fins de lui soutirer son argent ».
Les auteurs du manifeste demandent donc l’annulation de la directive européenne 2001/83/CE, mais également une vraie législation européenne pour lutter contre le problème des pseudo-thérapies, ainsi qu’une lutte accrue au sein de chaque pays. En France, le collectif Fakemed, appelle notamment à des actions « plus concrètes que le déremboursement ». « De la part du Conseil de l’Ordre notamment, nous aimerions qu’il prenne ses responsabilités et qu’il arrête de reconnaître certains titres pouvant être mis en valeur, comme la pratique de l’homéopathie ou de l’acupuncture », explique le Dr Vidal. « Il va falloir qu’il défende les patients et la médecine en prenant des décisions, qui ne sont pas forcément populaires même auprès des médecins mais qui sont nécessaires, voire indispensables. »
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