Des résultats peu rassurants et « une sédentarité qui ne cesse de gagner du terrain » : c’est ce que constate une étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) sur la prévalence de l’activité physique (AP) et de la sédentarité des adultes en France en 2021. L’analyse des données montre que seuls 73 % des hommes et 59 % des femmes de 18 à 85 ans atteignent les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière d’AP (150 à 300 minutes hebdomadaires d’activité d’endurance d’intensité modérée ou 75 à 150 minutes hebdomadaires d’activité d’endurance soutenue, associées à des activités de renforcement musculaire bihebdomadaires d’intensité modérée). En termes de sédentarité, plus d’un adulte sur cinq passe plus de sept heures par jour en position assise.
L’étude française souligne les disparités sociodémographiques : les femmes atteignent moins que les hommes les recommandations d’activité physique, particulièrement le renforcement musculaire qui est indiqué à raison de deux fois par semaine (20 % pour les femmes contre 35 % pour les hommes). Il existe aussi des disparités de genre : la situation professionnelle influe sur l’AP pour les hommes mais pas pour les femmes. À l’inverse, les femmes sont impactées par la structure du ménage : en couple avec des enfants, elles ont plus de mal à atteindre les recommandations. Les chercheurs mettent aussi en avant l’impact pour tous et toutes du niveau de diplôme et de la taille de l’agglomération.
La sédentarité quant à elle est surtout marquée par des disparités d’âge, les plus jeunes étant plus susceptibles d’être sédentaires (38,6 % pour les 18-24 ans) que les personnes plus âgées (moins de 10 % à partir de 65 ans). Le niveau d’études influe aussi : les étudiants et les personnes avec un diplôme supérieur au baccalauréat ont une plus grande probabilité de rester assis plus de sept heures par jour. Les autres facteurs sont la taille de l’agglomération, la structure du ménage (une personne seule est plus sédentaire qu’un foyer avec plusieurs personnes) et la situation professionnelle.
Taux de chômage et engagement sportif, des facteurs au niveau régional
Pour l’activité physique comme pour la sédentarité, l’Île-de-France présente des résultats particulièrement négatifs. Pour les femmes, la sédentarité s’y élève à 29,2 % alors que le taux régional le plus bas est de 15,6 % (Martinique). Chez les hommes, la prévalence en Île-de-France est de 31,5 % contre 14,3 % à La Réunion où la proportion est la plus faible.
L’étude compare deux régions très disparates, les Hauts-de-France et la Bretagne. Dans les Hauts-de-France, où le taux de chômage et la mortalité sont les plus élevés, le PIB par habitant et le niveau de vie les plus faibles, les recommandations sportives sont faiblement suivies. À l’inverse, la Bretagne présente des indicateurs favorables à la pratique sportive et c’est la région avec le nombre d’équipements sportifs par habitant le plus élevé de France.
Des recommandations à mieux faire connaître
Les Français sont relativement familiers avec les recommandations de durée quotidienne d’activité physique : 96,7 % des adultes citent bien les 30 minutes d’activité d’endurance quotidienne. Ils sont néanmoins seulement 21,6 % à connaître la recommandation sur l’intensité. Les chercheurs signalent dans leur rapport la « nécessité de communiquer sur cette notion avec davantage de pédagogie, sans pour autant décourager les personnes éloignées de la pratique ».
Si les recommandations contre la sédentarité (se lever au moins toutes les deux heures) sont citées par la grande majorité des Français, ils ont des difficultés à l’appliquer de manière concrète. Ils définissent en effet la sédentarité au travail comme « subie » avec une marge de manœuvre limitée. Les chercheurs appellent à des changements de la part des entreprises quant aux contraintes organisationnelles et aux exigences de productivité. Fin 2023, Santé publique France avait émis des recommandations pour les entreprises sur le type d’actions à mettre en place. L’étude conseille aussi de développer des actions ciblées vers les femmes, « en les déchargeant de certaines contraintes familiales encore peu partagées au sein des foyers, (via) l’augmentation de l’offre sportive féminine ou l’implantation de davantage d’AP au sein des entreprises ».
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