Santé publique France, dont le rôle a été particulièrement mis en lumière lors de la pandémie de Covid-19, est comme l’a rappelé Sylvie Lemmet dans son propos liminaire « une agence scientifique qui éclaire les décideurs, apporte son expertise et contribue à soutenir le système de santé à travers la réserve sanitaire et la gestion, pour le compte de l’Etat, des stocks stratégiques ». L’agence, qui a reçu des dotations exceptionnelles portant son budget jusqu’à cinq milliards d’euros, collabore également étroitement avec d’autres opérateurs dans les domaines de la santé, de l’environnement et de la recherche.
« Expérience fondatrice »
Ambassadrice pour l’environnement au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Sylvie Lemmet a débuté sa carrière au sein d’organisations non gouvernementales. Présente sur différents terrains - comme en Thaïlande auprès de réfugiés -, elle a également été la directrice financière de Médecins sans Frontières entre 1990 et 1994, avant de rejoindre le conseil d’administration de l’association. « De cette expérience fondatrice, je retiens l’importance de la coordination en temps de crise, de la sanctuarisation des équipes, du rôle stratégique de la logistique et de la préparation, et du retour d’expériences et de l’évaluation en temps réel », a-t-elle déclaré devant la commission sénatoriale.
Sylvie Lemmet choisit ensuite de travailler au service du développement durable - en qualité de directrice de projets en Amérique latine pour la Banque mondiale -, puis elle intègre en 2007 le Programme des Nations unies pour l’environnement, en tant que directrice générale de la division technologie, industrie et économie. En 2013, elle devient directrice des affaires européennes et internationales au ministère de l’Environnement où elle prépare la Cop 21, avant de rejoindre, en 2017, la septième chambre de la Cour des comptes. Elle a aussi piloté et mis en œuvre dès 2020 le volet environnement du plan de relance du ministère de l’Economie et des Finances. Deux fils rouges guident son parcours : « L’aspiration profonde à m’emparer de sujets scientifiques pour les traduire en politiques publiques et susciter l’action d’une part ; la volonté d’ aboutir à des positions partagées d’autre part. »
Quelles priorités ?
« Le rapport de la Cour des comptes recommande un positionnement plus fort du conseil d’administration sur le pilotage stratégique de Santé publique France (SPF). Je souhaite y prendre part, a-t-elle poursuivi. Je serai également attentive à l’adéquation entre les moyens et les missions, aux risques psychosociaux des agents qui ont été bousculés par la crise sanitaire, à la transparence budgétaire et dans les données produites. » La potentielle future présidente a enfin cité cinq perspectives nouvelles pour identifier les enjeux de demain : les liens entre la santé et l’environnement, la situation dans les outre-mer, la santé mentale, l’obésité et l’impact des inégalités en matière de santé.
Interrogée sur des sujets d’actualité – comme la pénurie de médicaments ou le rapprochement de SPF avec l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) –, Sylvie Lemmet a pris soin de préciser que « le mandat de président n’est pas une fonction exécutive, celle-ci étant assurée par le Dr Caroline Semaille » avant toutefois d’affirmer quelques convictions. Tout d’abord, elle ne croit pas que ce soit le rôle de Santé publique France de traiter la pénurie de médicaments. Elle estime ensuite que le site de l’agence est « perfectible dans l’optique de s’approprier les messages et de déclencher l’action ». S’agissant enfin des réflexions menées sur la création d’une Direction générale des crises au sein du ministère de la Santé et de la Prévention, elle a affirmé : « En cas de crise, il faut une seule tête et une coordination claire, peu importe qui en a la responsabilité. »
1- Santé Publique France, des missions étendues, une stratégie à mieux définir, Communication à la commission des affaires sociales du Sénat, décembre 2022.
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