Le dispositif d’accès au remboursement de la psychothérapie sur adressage d’un médecin traitant apparaît pertinent. C’est ce que suggèrent les résultats de l'évaluation initiale du système présentée le 25 mars lors d’une session de communications orales du Congrès de la médecine générale France (CMGF) 2022.
Un dispositif expérimenté dans 4 départements
Pour rappel, depuis avril 2018, un dispositif de psychothérapie remboursée était testé dans les Bouches du Rhône, en haute Garonne, dans les Landes et dans le Morbihan, permettant à certains patients de ces quatre départements atteints de dépression ou de troubles anxieux non sévère de bénéficier d’une prise en charge par l’Assurance maladie de 8 séances. À la condition toutefois d’avoir été adressé à un psychothérapeute participant par un médecin. Un dispositif officiellement étendu au reste du pays ce vendredi et effectif à l'échelon national dès le 5 avril.
Cependant, avant cette généralisation, restait à estimer la faisabilité et l’acceptabilité, mais aussi l’adaptabilité, les bénéfices pour les patients, etc. de cette psychothérapie remboursée sur ordonnance. Ainsi, des indicateurs de suivi ont été mis en place à la demande de l’Assurance maladie, et des enquêtes transversales et des entretiens qualitatifs conduits auprès des professionnels participants.
Plus de 80 % des généralistes impliqués dans les départements concernés
Les résultats rassurent quant à l’adhésion des professionnels. En effet, comme le rapporte spécialiste de santé publique Stéphane Bahrami, qui a contribué à l’évaluation de l’expérimentation, à la date du 23 mars, près de 4 000 généralistes avaient adressé des patients à des psychologues, et plus de 707 psychothérapeutes étaient conventionnés avec l’assurance maladie. Ce qui représenterait « plus de 80 % des généralistes actifs et 40 à 45 % des psychologues libéraux agréés par les ARS dans les départements concernés ».
Ainsi, 37 000 patients ont pu bénéficier d’une prise en charge psychothérapeutique, « pour un total de 375 000 séances », se félicite le Dr Bahrami. Avec des bénéfices apparents en termes de santé mentale dans la plupart des cas. En effet, 64 % des médecins participants ayant répondu aux enquêtes auraient rapporté une amélioration pour tous ou la majorité de leurs patients orientés. Un chiffre atteignant presque 80 % du point de vue des psychothérapeutes – qui déclaraient par ailleurs avoir constaté une amélioration du fonctionnement social chez 66 % des patients adressés.
En outre, le dispositif semble avoir permis d’éviter nombre de prescriptions de psychotropes. « Nous avons demandé (aux généralistes) ce qu’ils auraient fait (…) si l’orientation vers un psychologue n’avait pas été disponible », indique le Dr Bahrami. Selon leurs déclarations, ils auraient prescrit des antidépresseurs dans 25 % des cas (contre 4 % dans la réalité), et des anxiolytiques dans plus de 47 % des cas (contre 14,5 % dans la réalité).
Des pistes d'amélioration
S’il semble prometteur, le dispositif peut être amélioré en particulier en ce qui concerne ses « pratiques opérationnelles » – « jugées moins favorablement (par les professionnels) », indique le Dr Bahrami. Parmi les pistes d’optimisation identifiées : un allègement administratif, une révision du tarif des séances ou encore une ouverture des critères d’inclusion.
En outre, des « points de vigilance » demeurent, le Dr Bahrami citant la période de « fin de prise en charge », « les inégalités sociales de suivi des patients qui n’iraient pas mieux à la fin des séances », ou encore « le timing adéquat pour évaluer la sévérité des patients ».
À noter que les échanges entre généralistes et psychologues, -souvent jugés insuffisant -, se sont en fait développés au cours du temps lors de l’expérimentation. « 30 % des généralistes ont déclaré que les relations s’étaient progressivement améliorées au cours des deux années précédant l’enquête (et) 52 % ont indiqué que le nombre de contacts avec les psychologues augmentait progressivement ». Si bien que des difficultés de collaborations n’auraient été identifiées comme un « frein résiduel au travail » que par 2 % des répondants environ. Et ce, « en dépit du fait que seuls 60 % des généralistes disent recevoir les comptes rendus d’évaluation initiale, et seuls 40 % les comptes rendus à la suite de l’accompagnement psychologique », souligne le Dr Bahrami.
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