C’est un nouveau dommage collatéral de la crise sanitaire qui se confirme. L’incidence du surpoids semble bel et bien avoir augmenté chez les jeunes enfants pendant la pandémie de Covid-19. C’est ce que suggère le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France.
Depuis 2020 et l’arrivée du Covid-19 en France, afin de freiner la circulation du SARS-CoV-2, nombre de lieux de vie et d’activité des enfants ont dû fermer leurs portes. Comme le rappelle ce 8e numéro annuel du BEH, « en mars 2020, (…) les écoles et les crèches ont été fermées. Ces mesures ont été levées en juin 2020, mais dès la rentrée, de nouvelles restrictions ont été instaurées. (…) Les équipements sportifs sont restés fermés », etc.
Accroissement de la sédentarité, du grignotage et de la malbouffe pendant la crise
Des mesures qui ont impacté le quotidien des plus jeunes et ainsi leurs modes de vie. Et ce, notamment dans le sens d’un accroissement de la sédentarité. « Plusieurs études montrent (aussi) un accroissement de la consommation de produits transformés et du grignotage », s'inquiètent les auteurs du présent travail. Aussi, en Italie, une augmentation de l’IMC chez les enfants a été évoquée dès 2020 – au sein d’une cohorte toutefois très réduite.
Dans ce contexte, des médecins impliqués dans le service de protection maternelle et infantile du Val-de-Marne ont décidé d’évaluer, en France, l’impact de la crise sanitaire sur le statut staturo-pondéral des tout-petits. Pour ce faire, ils se sont penchés sur des données issues de bilans de santé en école maternelle (BSEM) de plus de 48 000 enfants de 4 ans scolarisés dans le département au cours des 3 dernières années scolaires : 2018-2019, 2019-2020 et 2020-2021.
Près de 2 % d'enfants obèses en plus en 2020-2021
Résultat : « à la suite des mesures de confinement, il existe un accroissement significatif du nombre d’enfants en surpoids et obèses par rapport à l’année précédant la crise sanitaire », rapportent les auteurs. De fait, dans l’échantillon considéré, le nombre d’enfants en surpoids est passé de 1 600 environ (8,6 % de l’effectif) en 2018-2019 à plus de 1 990 (11,2 %) en 2020-2021. De même, alors que moins de 520 (2,8 %) enfants étaient en situation d’obésité en 2018-2019, 800 (4,6 %) étaient concernés en 2020-2021.
Au total, dans l’échantillon étudié, « le risque d’être en surpoids est significativement plus élevé en 2020-2021 (OR = 1,37) (...) par rapport à l’année de référence 2018-2019 », calculent les auteurs après analyse multivariée. Une augmentation du risque d'obésité (OR = 1,70) plus nette encore a également été retrouvée.
Les filles et les enfants des zones prioritaires particulièrement touchés
Cependant, tous les enfants n’apparaissent pas égaux face à cet effet collatéral de la crise sanitaire. Par exemple, « le fait d’être une fille est significativement associé avec un accroissement du risque de surpoids (1,65) et d’obésité (1,63) », rapportent les auteurs, qui soulignent le caractère inattendu de ce constat « en raison de l’âge (précoce) des enfants étudiés ».
De plus, les enfants scolarisés dans des zones prioritaires ou prioritaires plus seraient plus à risque que les autres. « La zone dans laquelle se situe l’école est associée significativement au surpoids (1,52 pour les zones REP ; 1,54 pour les zones REP +) et à l’obésité (1,92 pour les zones REP et 2,04 pour les zones REP +). » Un surrisque moins surprenant que celui qui concerne les filles – un lien entre contexte économique défavorable et surpoids ayant déjà été démontré.
Les cantines et garderies, facteurs protecteurs
Aussi, aux yeux des auteurs, « des actions de prévention et de prise en charge devraient donc être menées en priorité au sein des réseaux d’éducation prioritaire et une vigilance devrait être envisagée auprès des filles ».
Mais certains facteurs apparaissent au contraire protecteurs vis-à-vis du surpoids et de l’obésité, à l’instar de l’inscription en cantine. « Déclarer que l’enfant fréquente une cantine diminue le risque de surpoids (0,89) et d’obésité (0,87) », indiquent les auteurs, qui avancent l’hypothèse d’un abandon rapide des « habitudes délétères prises pendant les périodes de confinement » dès la reprise des repas en collectivité. Dans le même esprit, « la fréquentation d’une garderie diminue le risque de surpoids (0,93) et d’obésité (0,85) ».
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