Alors que le nombre de cas de variole du singe confirmés en France tend à s’approcher de la barre des 1000, la Direction générale de la Santé (DGS) résume la conduite à tenir face à un cas d'infection à Monkeypox, de la prévention au traitement symptomatique en passant par le diagnostic.
Depuis la détection de premiers cas de variole du singe en France, les publications scientifiques, avis et recommandations concernant la prévention, le diagnostic ou encore la prise en charge de la maladie se sont succédé. Dans ce contexte, la DGS a publié le 11 juillet une fiche de synthèse « variole du singe » à destination des professionnels de santé.
Plus de déclaration obligatoire pour les cas suspects
Ce document précise en une dizaine de pages toutes les étapes de la prise en charge d’un patient consultant pour suspicion de monkeypox : déclaration obligatoire à l’ARS, réalisation éventuelle d’un prélèvement, isolement du patient (et information sur cette éviction), traitement symptomatique, réalisation d’un dépistage des infections sexuellement transmissibles en cas de rapports sexuels non protégés, incitation au contact-warning.
Dans ce cadre, la DGS revient notamment sur quelques évolutions récentes de la prise en charge ou quelques points jusqu’à présent peu mis en avant dans les recommandations.
À commencer par un changement de la stratégie de déclaration obligatoire. Si les cas confirmés (avec test biologique positif), probables (qui présentent des signes cliniques évocateurs et un lien épidémiologique avec un cas confirmé) ou possibles (qui présentent des signes cliniques évocateurs et au moins une exposition à risque d’infection) d’infection doivent continuer d’être signalés « sans délai » à l’ARS, les cas suspects (avec symptômes suspects mais pas d’exposition à risque identifiée), eux, n’ont plus à être déclarés.
Pas de PCR systématique pour les cas probables et certains cas possibles
En outre, la DGS revient sur l'allègement du diagnostic pour certains patients. De fait, la confirmation biologique de l'infection à monkeypox n'est plus requise systématiquement pour les cas probables ainsi que pour certains cas possibles - « si le diagnostic clinique est certain et que les (...) diagnostics différentiels ont été écartés », précise la DGS.
De plus, la DGS décrit les mesures d’isolement à mettre en place par les malades « dès que possible et pour une durée de 21 jours, jusqu’à cicatrisation (complète) des lésions ». Et ce, de façon la plus stricte possible : tout contact physique avec autrui (animal domestique y compris) est à éviter, la vaisselle, le linge, les ustensiles de toilettes, etc. ne doivent pas être partagés, etc. « Si un isolement strict ne peut pas être assuré, des mesures de limitation des interactions sociales et de maîtrise des risques de transmission, qui peuvent être plus facilement suivies par les personnes concernées (…) doivent être respectées », à l’instar du port d’un masque chirurgical, du lavage des mains avant tout contact avec un objet partagé, de la désinfection régulière des poignées de porte, du lavage à part et à température élevée de la vaisselle et du linge, du port de vêtements couvrants, de gants, de pansements et bandages sur les lésions, etc. « A noter, par précaution, qu’il est recommandé d’utiliser un préservatif lors des rapports sexuels de tout type, jusqu’à 8 semaines après la fin de la période de contagiosité. »
Un traitement de la douleur qui peut aller jusqu'à la prescription d'opioïdes
En outre, alors que la mise à disposition d’un traitement spécifique, le tecovirimat, a occupé le devant de la scène médiatique, la DGS revient sur le traitement symptomatique, qui repose sur trois piliers. À commencer par la prévention de la surinfection et la prévention des « cicatrices inesthétiques » - qui passe par le bannissement des antibiotiques, antiviraux, antiprurigineux et anesthésiques locaux sur les lésions, la prise de douches quotidiennes tièdes « avec un soin lavant dermatologique (surgras, syndet, huile de douche) », l’utilisation de crèmes contenant du sulfate de cuivre ou du sulfate de zinc, etc.
Mais surtout, le traitement de la douleur, qui peut s'avérer majeure, peut nécessiter la prescription non seulement de paracétamol mais aussi de tramadol, voire de morphiniques. En cas de lésion anale douloureuse « empêchant la défécation », la DGS recommande aussi de recourir à de la xylocaïne visqueuse et à des laxatifs. Par ailleurs, comme l'a récemment rappeléle Pr Jérôme Salomon, directeur général de la santé, « il faut vraiment éviter les AINS ( et l'aspirine) qui empêchent la réaction inflammatoire et qui donnent parfois des surinfections gravissimes ».
Un numéro vert en cas de question
Par ailleurs, Santé publique France et l’association Sexualité info service (SIS) ont ouvert ce 13 juillet un « dispositif d’écoute » en cas de question sur la variole du singe : Monkeypox info service, accessible 7 jours sur 7 de 8 heures à 23 heures au 0 801 90 80 69 (appel et services gratuits, anonyme et confidentiel). Ce numéro vert semble toutefois plutôt dédié aux patients. Les professionnels de la santé, eux, peuvent si besoin s'adresser directement à un infectiologue référent ou au Centre 15, rappelle la DGS.
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