Le non-recours aux soins de santé mentale est préoccupant, d’autant que la santé mentale des Français continue de se dégrader, alerte la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), à la lumière des derniers résultats d’Epicov.
Lancée au printemps 2020, l’enquête Epicov porte sur une cohorte de 64 000 personnes de 15 ans ou plus, représentative de la population française, qui a été interrogée lors du premier confinement et à l’automne 2020, puis à l’été 2021 et à l’automne 2022.
Recul du recours au généraliste
Selon le dernier volet analysé par la Drees et publié ce 4 juin 2025, à l’automne 2022, seulement 11,4 % des adultes déclarent avoir consulté un professionnel de santé ou un psychologue « pour des difficultés psychologiques ou parce qu’ils n’avaient pas le moral », soit presque deux points de moins qu’en juillet 2021. Une baisse marquée chez les femmes et les hommes de 45 ans et plus, qui s’explique par un recul du recours au médecin généraliste (moins de 6 % des 25-70 ans et 4,2 % des plus de 70 ans y font appel en 2022, contre respectivement près de 8 % et 8,2 % en 2021).
Encore plus inquiétant, seulement la moitié des personnes ayant eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois ont consulté un professionnel (44 % des hommes, 56 % des femmes). Et 64 % des personnes présentant un syndrome dépressif majeur ou anxieux sévère n’ont pas sollicité de soignant.
En miroir, le recours au psychiatre et surtout au psychologue a augmenté, en particulier chez les femmes et les moins de 25 ans. Près de 6 % de la population a consulté un psychologue en 2021-2022, versus 4 % en 2020-2021. Une proportion qui s’élève à 14 % chez les jeunes femmes (+ 4 points) et 13 % chez les femmes de 25 à 44 ans (+ 3 points). Un phénomène qui s’explique en partie par le déploiement de Mon soutien psy, lit-on. Quant aux consultations psychiatriques, 3,4 % des 18-24 ans y ont eu recours en 2022 versus 2,1 % en 2021.
Les jeunes et les femmes toujours aussi vulnérables
L’état des lieux de la Drees confirme encore une fois la dégradation de la santé mentale des Français depuis la pandémie de Covid, notamment des plus jeunes et des femmes. Si la prévalence des syndromes dépressifs est revenue à un niveau inférieur à 2019 pour les plus de 35 ans, elle reste beaucoup plus élevée pour les 15-24 ans, en particulier les femmes (17 % sont concernées, et 11 % des jeunes hommes). Les pensées suicidaires touchent particulièrement les moins de 25 ans, et encore une fois, les jeunes femmes : près de 9 % disent avoir pensé au suicide l’année précédente (13,5 % quand on élargit à la période 2019-2022), versus 5,4 % des jeunes hommes, et 3,4 % de la population générale (versus 2,8 % en 2020).
La prévalence des syndromes majeurs stagne, autour de 5 % de la population.
Quant aux enfants de 5 à 17 ans, ils sont concernés par une augmentation des difficultés émotionnelles (symptômes d’anxiété et de tristesse) : de 14 à 18,6 % chez les filles de 5 à 10 ans et de 13 à 19 % chez les adolescentes, entre l’été 2021 et l’automne 2022.
Le poids des difficultés financières et des discriminations
La Drees souligne le poids du facteur financier sur la santé mentale, les difficultés étant corrélées à une plus forte prévalence des troubles. Ainsi plus de 20 % des personnes en situation financière difficile sont concernées par un syndrome dépressif contre 6 % des personnes se sentant à l’aise.
Les discriminations se révèlent aussi un puissant facteur de risque dépressif. Plus de 18 % des personnes déclarant avoir subi des traitements discriminatoires au cours des cinq dernières années (16 % de l’échantillon) rapportent un syndrome dépressif, contre 8 % de celles qui ne se sentent pas discriminées. Par exemple, les personnes homosexuelles ou bisexuelles sont concernées à 15,5 %, versus 8,8 % pour les hétérosexuels ; et la prévalence de syndrome dépressif est 1,5 fois plus élevée chez les personnes se sentant discriminées par leur état de santé, un handicap ou leur poids (en excès ou en défaut) que chez les autres.
La Drees incrimine encore la surexposition aux réseaux sociaux, en particulier chez les jeunes filles qui sont plus fréquemment victimes de cyberharcèlement, dans le développement des troubles dépressifs. Les femmes de moins de 30 ans y seraient particulièrement sujettes car elles cumulent plusieurs facteurs de risques, comme une consultation fréquente des réseaux, à l’origine de 24 % de la probabilité de développer un trouble, ou les discriminations sexuelles (12 %).
Lueur d’espoir, le soutien social, calculé à partir du nombre de proches sur qui l’on peut compter, l’intérêt de l’entourage pour ce qu’on fait, et la facilité à obtenir de l’aide de ses voisins, se révèle un puissant facteur de protection de la santé mentale des adultes comme des enfants.
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