Les sept étapes projetées d’ici la fin d’année, et les quinze autres programmées en 2024 auront bel et bien lieu. Un pari fou mais un pari en passe d’être gagné pour le Bus du Cœur des femmes ! Ce projet dédié au dépistage des maladies cardiovasculaires avait connu un coup d’arrêt en juin dernier, avec l’incendie du bus lors des émeutes en France.
En un temps record, 300 000 euros ont été collectés via une cagnotte en ligne. C’était la somme nécessaire pour le rachat et l’aménagement d’un nouveau combiné bus - caravane en provenance de Rennes. Coûts auxquels s’ajoutent le matériel propre au dépistage cardio-gynécologique et les centaines d’autotensiomètres offerts aux patientes. De fait, les circonstances de la destruction du Bus du Cœur des femmes excluaient la prise en charge des assurances.
Poursuite de l’itinéraire de prévention
Rien n’arrête donc le programme initial dont l’objectif est de dépister plus de 5 000 femmes par an. Car la détermination de la Pr Claire Mounier-Véhier, spécialiste en médecine vasculaire et hypertension artérielle au CHU de Lille, et celle de Thierry Drilhon, chef d’entreprise impliqué dans les causes humanitaires cardiologiques, est forte. D’autant que 76 000 femmes décèdent chaque année d’une maladie cardiovasculaire. Soit près de deux cent huit par jour !
Ils ont créé ensemble le fonds de dotation : Agir pour le cœur des femmes. Et depuis septembre 2021, soutenu par les mairies, la CPAM, les sociétés savantes et les ministères de la Santé et de la Prévention et de l’Égalité entre les hommes et les femmes, le Bus pour le Cœur des femmes traverse la France pour une quinzaine d’étapes annuelles. Avec une moyenne de 230 dépistages par ville sur trois jours et un taux de satisfaction du public féminin concerné de 93 %, la formule remporte un franc succès.
550 soignants volontaires et bénévoles
Et les professionnels de santé locaux ne sont pas en reste ! Car l’engouement pour le Bus du Cœur des femmes est transgénérationnel. Il touche aussi bien les étudiants que les retraités en médecine générale, gynécologie, cardiologie, maïeutique ou soins infirmiers… Ils n’étaient pas moins de 550 à se porter volontaires bénévolement lors de la tournée nationale de 2022. Et l’association compte près de 60 soignants inscrits pour chacune des villes étapes de l’année en cours.
Un nouveau bus encore plus adapté
Pour le retour sur les routes, les deux premières sessions sont prévues le 13 septembre à Maubeuge et le 20 septembre à Calais. Elles se feront grâce à une structure intermédiaire comprenant un véhicule de dépannage. La nouvelle version sera en partie dévoilée le 27 septembre lors de son étape à Lille, ville marraine de l’association avec Marseille.
D’autres changements devraient être réalisés lors d’une deuxième phase d’amélioration au cours du mois de mars 2024. La Pr Claire Mounier-Véhier, aux manettes avec d’autres, dévoile au « Quotidien » les améliorations à venir. « Le positif dans notre malheur, c’est que l’on va tout reconstruire en mieux et offrir un dépistage de plus grande qualité autant pour les femmes que pour les professionnels de santé », s’enthousiasme la spécialiste.
Un espace pour les examens gynécologiques
Le bus, plus moderne et plus grand que le précédent, abritera un mini-laboratoire de biologie et une partie dédiée au dépistage de l’HTA. Mais la grande nouveauté réside dans la mise en place d’espaces de confidentialité qui permettront d’effectuer des examens gynécologiques. Une requête formulée par les gynécologues limités jusqu’ici faute de place, à une consultation simple. Une amélioration certaine qui devrait permettre à beaucoup de femmes d’intégrer un parcours de soins.
Livrée en mars, la caravane de 38 m2 sera plus spacieuse. « Pas moins de 18 m2 de superficie supplémentaire ! Ce gain d’espace va permettre de repenser le dépistage comme un parcours de soins à l’hôpital. Et les médecins et sages-femmes seront dans la même unité de dépistage », se réjouit la cardiologue. Côté matériel, les dons collectés ont permis le rachat de trois appareils à ECG (soit un de plus qu’auparavant) et de deux dopplers. Le matériel supplémentaire permettra d’augmenter le nombre de dépistage du trouble du rythme et de séquelles d’infarctus.
Toutes les femmes, précaires ou pas, ne prennent pas en charge leur santé
La Pr Claire Mounier-Véhier insiste sur la nécessité d’un suivi généralisé à toutes les femmes, « précaires ou pas », car tient-elle à souligner « les femmes en général ne se prennent pas en charge sur le plan cardio et gynéco. Le dépistage s’adresse à toutes les femmes ». La mission de dépistage n’est pas près de se terminer. Et, le Bus du Cœur des femmes reviendra en juin prochain à Bobigny, ville où le bus avait été incendié. « Hors de question de blacklister cette ville et rien que pour le symbole nous irons ! », promet l’énergique cardiologue.
Le Calendrier Bus du Cœur des Femmes
13 au 15 septembre : Maubeuge
19 au 21 septembre : Calais
27 au 29 septembre : Lille
11 au 13 octobre : Rouen
18 au 20 octobre : Marseille
8 au 10 novembre : Auxerre
15 au 17 novembre : Mulhouse
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