Les communautés américaines exposées à de l’eau potable contaminée aux PFAS ont une incidence jusqu’à 33 % plus élevée de cancers, dont certains rares. De plus, l’incidence par type de cancers différerait selon le sexe. C’est ce que montre une étude américaine financée par les National Health Institutes (NIH) américains publiée dans Journal of Exposure Science & Environmental Epidemiology (groupe Nature).
« Ces résultats nous permettent de tirer une première conclusion sur le lien entre certains cancers rares et les PFAS », ont déclaré les auteurs. « Cela suggère qu'il vaut la peine d'étudier chacun de ces liens de manière plus individualisée et plus précise » afin de « déterminer si le lien est causal et pour explorer les mécanismes biologiques en jeu », poursuivent-ils. De plus, en vue de l’entrée en vigueur en 2029 d’une réglementation des niveaux de PFAS dans l’eau potable aux États-Unis, les auteurs indiquent qu’il pourrait être nécessaire de « fixer des seuils plus stricts ».
Une étude publiée en 2023 dans la revue Environmental International avait établi que les résidus de PFAS étaient retrouvés dans au moins 45 % des échantillons d’eau potable aux États-Unis. En France, si aucun rapport national officiel n’a encore été publié sur la contamination aux PFAS de l’eau potable, plusieurs travaux – menés notamment par l’Anses – sont en cours pour préciser le niveau de contamination, fixer les seuils autorisés et réglementer leurs usages.
Une association forte entre contamination aux PFBS et incidence des cancers ORL
Les auteurs de cette étude américaine ont analysé des données de contamination de l’eau potable à six types de PFAS (PFOA, PFOS, PFHpA, PFHxS, PFNA et PFBS) s’étalant de 2013 à 2024 (programme « Surveillance, Epidemiology, and End Results » du National Cancer Institute) et celles de l’incidence des cancers pour chaque comté sur la période 2016-2021 (programme « Unregulated Contaminant Monitoring Rule » de l’Agence de protection environnementale [EPA]). Dans les comtés où était constatée une contamination aux PFAS, les chercheurs retrouvent une incidence plus élevée – entre 2 et 33 % – de cancers digestifs, endocriniens, cutanés, respiratoires et ORL. Ainsi, la contamination de l’eau potable aux PFAS contribuerait jusqu’à 6 864 cas de cancers par an, selon leurs estimations.
Certaines associations étaient plus fortes que d’autres, par exemple de la contamination en PFBS avec les cancers ORL (incidence 33 % plus élevée) ou encore de la contamination en PFNA avec les cancers du système endocrinien, dont thyroïde (incidence 28 % plus élevée).
De plus, les associations différaient selon le sexe. Ainsi, les hommes étaient plus touchés par des leucémies, et des cancers du système urinaire, du cerveau et des tissus mous, et les femmes par des cancers ORL (bouche et gorge), de la thyroïde et des tissus mous.
En finir avec les polluants éternels
L’enquête « Forever Lobbying Project », menée par Le Monde et 29 médias européens, a estimé entre 95 et 2 000 milliards d’euros le coût, sur 20 ans, de la dépollution des eaux et des sols européens en PFAS, les « polluants éternels ». Une fourchette qui ne prend par ailleurs pas en compte le coût sur la santé de l’exposition aux PFAS. Les auteurs ont comptabilisé au moins 23 000 sites pollués « et presque autant de sites fortement suspects ».
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