Le système de santé va-t-il être réformé en profondeur à la sortie de la crise ?
À la fin des périodes de crise, se produisent souvent des changements en matière sociale afin de permettre au système économique dominant de mieux gérer sa force de travail. À ce stade, on ne voit pas émerger des sorties de crise. Si l’on opère un flash-back sur l’histoire récente, l’hôpital public est en ébullition depuis un an. À l’exception de quelques mesurettes, aucune réforme de fond n’a été mise en œuvre. Que se passe-t-il avec les urgences ? Sont-elles en crise ou est-ce plutôt le système de santé qui serait inadapté ? Si les patients vont aux urgences, ce n’est pas par plaisir. Mais parce qu’ils n’ont pas obtenu un rendez-vous en médecine libérale. Pourquoi les médecins en ville ne sont pas soumis à des astreintes contraignantes ? Quant aux réformes à venir, la courte note de la Caisse des dépôts et consignations révélée par Médiapart reprend de vielles antiennes comme le développement de partenariats public-privé, le développement de la télémédecine. Mais rien n’est pensé pour restructurer l’hôpital.
Pourtant, des cliniques privées ont révélé une faculté d’adaptation qui n’aurait jamais été imaginée avec la création de services de réanimation ex nihilo par exemple. Des médecins libéraux ont proposé leurs services. Cette crise a révélé des possibilités inespérées de collaboration.
Certes, des libéraux ont changé d’activité dans l’urgence et vont au front. Le système est capable d’évoluer en cas de crise. Mais pour confirmer le changement, attendons d’évaluer dans les prochains mois les décisions prises ou non dans les prochains mois. Des crédits seront-ils bien affectés à la rénovation de certains établissements ? Au-delà du bricolage actuel, la volonté politique sera-t-elle assez forte pour promulguer une nouvelle loi hospitalière aussi forte que celle de 1958 par exemple ?
Quels en seraient les contours ?
L’enjeu serait de revoir le mode de financement dénoncé par la majorité des acteurs comme inflationniste. Outre cette dérive, la T2A est un moyen d’accroître la productivité. Ce qui génère un véritable malaise chez les soignants. L’accélération des rythmes de travail conduit au sentiment chez les soignants de mal faire son travail. Se développe le sentiment de qualité empêchée, déclencheur classique d’un mal-être chez le soignant. Rien n’a été fait pour lutter contre cette dérive managériale à l’hôpital. Par ailleurs, il faut contraindre les libéraux à assurer la permanence des soins. Bref, il serait temps autour de la table des représentants de bonne volonté pour enfin changer notre organisation des soins.
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