Pr Bruno Lina, virologue et responsable du CNR sur les virus des infections respiratoires

Grippe et Covid : « Pour le moment, il n’y a pas de signal d’alarme sur les co-infections »

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Publié le 04/04/2022
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Suite à une étude du Lancet suggérant un risque accru de forme et grave et de décès en cas de contamination conjointe par le SARS-CoV2 et un autre virus respiratoire, le Pr Bruno Lina revient sur les risques potentiels de ces co-infections. Alors qu'en France le Covid et la grippe flambent, le virologue se montre plutôt rassurant.

Pourquoi cette crainte des co-infections ?

Pr B. L. : En 2020, juste avant la pandémie, il y avait eu une épidémie de grippe. Au moment de l’apparition du SARS-CoV-2, un travail avait alors été lancé dans mon laboratoire à la recherche d’éventuelles co-infections. Si peu de cas ont été détectés, des sujets ayant contracté la grippe puis le Covid-19 ont pu être identifiés, ainsi qu’un surrisque de mortalité par rapport aux mono-infectés chez les personnes vulnérables. Or on se trouve actuellement dans une situation où le SARS-CoV-2 et les virus grippaux sont à nouveau capables de co-circuler. Par ailleurs, le VRS, encore un peu présent, est connu pour toucher non seulement les jeunes enfants mais aussi les personnes âgées. Et les infections à adénovirus peuvent s’avérer graves chez les personnes particulièrement fragiles, immunodéprimées.

Qu'en est-il en vie réelle en France ?

Pr B. L. : Pour le moment, il n’y a pas de signal d’alarme sur les co-infections. L’épidémie de grippe actuelle touche surtout les jeunes. Ainsi, des co-infections grippe/SARS-CoV-2 ont été observées en population pédiatrique, mais sans augmentation des taux d’hospitalisation et de mortalité chez les co-infectés. Dans les groupes à risque, comme les plus de 65 ans, les données manquent encore. La vigilance reste toutefois de mise, même si le variant Omicron apparaît moins pathogène que ses prédécesseurs, sur lesquels porte l’étude du Lancet.

La vaccination peut-elle limiter les risques ?

Pr B. L. : Encore une fois, il n’y a pas à ce jour de signal concernant des co-infections. Mais dans l’esprit, oui, la vaccination pourrait s’avérer protectrice. Car on sait que le vaccin contre le SARS-CoV-2 réduit la sévérité du Covid-19 et, dans une moindre mesure, la transmission du coronavirus. De même, le vaccin contre la grippe est efficace pour éviter les formes graves, et limite la transmission de la maladie. Au total, les vaccinés seraient à la fois moins à risque de co-­infection, et moins à risque, le cas échéant, de forme grave de co-infection.


Source : lequotidiendumedecin.fr