Décision Santé. La FHF a été reçue par le Premier ministre le même jour que la présentation par Marisol Touraine des mesures en faveur de l’attractivité à l’hôpital. Faut-il parler d’opération séduction en direction de l’hôpital public, alors que le feu couve chez les médecins libéraux ?
Gérard Vincent. Il n’y a pas de lien entre les deux évènements. Nous avions sollicité un rendez-vous avant l’été après la réunion organisée à l’Hôtel Matignon avec les syndicats de praticiens hospitaliers. Ils présentent en effet des revendications. Mais sont peu soucieux de l’équilibre budgétaire des établissements. Nous avons donc suggéré à Manuel Valls de recevoir également les représentants des institutionnels. Au cours de notre entretien, le Premier ministre a témoigné d’une bonne connaissance des dossiers hospitaliers. Il a été, il est vrai, président du conseil de surveillance d’un hôpital francilien. Manuel Valls est conscient des efforts demandés, soucieux du climat social. Faut-il rappeler que nous sommes en période électorale ? Il ne faudrait pas que l’hôpital s’agite. Nous lui avons rappelé qu’il n’était pas possible de nous demander une grande rigueur et dans le même temps charger la barque. Ce qui rend la réalisation de l’exercice impossible. Exemple, le protocole de la fonction publique de Marylise Lebranchu devrait se traduire par une dépense supplémentaire de 700 millions d’euros en année pleine. Dans le même temps, on nous a demandé un plan d’économies de 700 millions d’euros. Ce qui double la peine. D’autant qu’il n’y aura pas un euro de plus…
D. S. Les mesures annoncées par Marisol Touraine en faveur de l’attractivité à l’hôpital ne se réduisent-elles pas à un plan séduction en faveur des jeunes ?
G. D. Ce plan a germé au sein de la commission de la FHF consacrée à l’attractivité. On a largement inspiré le rapport de Jacky Le Menn. Il le reconnaît d’ailleurs volontiers. Dès le début de la réflexion, nous avions appelé à miser sur les jeunes. Pourquoi ? Les budgets sont tendus. Il était hors de question d’envisager des mesures générales, de type revalorisation des salaires ou d’accélération des carrières pour tous. En revanche, il faut attirer les jeunes à l’hôpital. Nous avons donc plaidé pour un ciblage de l’effort qui n’est pas négligeable, 250 millions d’euros, au profit des jeunes. Entre la tentation de ne rien faire parce que l’on n’a pas d’argent et la nécessité de rendre l’hôpital attractif, nous avons fait le pari d’aider les jeunes et de dégager nous-mêmes une partie des ressources nécessaires. Les autres médecins devront attendre des jours meilleurs.
D. S. Pourquoi avez-vous retiré votre recours contre les urgentistes au Conseil d’État ?
G. V. Nous n’avons rien contre les urgentistes, ils font partie de la famille. Il n’y a pas d’hôpital sans urgentistes. Le recours a été retiré tout simplement parce que nous avons obtenu des assurances de la part de la ministre. La réorganisation du temps de travail des urgentistes et le passage aux 39 heures postées seront effectifs dans chaque hôpital lorsque nous aurons réussi à régler les préalables, notamment la mise à plat de l’offre territoriale d’urgence. Le recours n’a pas été déposé contre les urgentistes ou contre la mesure décidée par le gouvernement. Simplement en l’état, l’accord n’est pas applicable. Sur le fond, nous ne sommes pas opposés bien sûr à ce que les urgentistes voient leur charge de travail allégée. Mais nous ne disposons pas aujourd’hui des moyens budgétaires et des ressources humaines pour diminuer le temps de travail. Dans sa lettre, la ministre rappelle que l’accord s’applique au fur et à mesure que les conditions sont réunies.
D. S. Comment qualifier les relations de la FHF avec Marisol Touraine ?
G. V. La ministre a pris ses marques. Nous ne sommes pas toujours d’accord. Elle ne gagne pas tous ses arbitrages. Mais elle écoute ses interlocuteurs. Enfin, Marisol Touraine défend l’hôpital public. C’est une conviction forte.
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