Gaza : l’ONU alerte sur la famine et les restrictions de l’aide alimentaire

Publié le 19/03/2024

Un habitant sur deux dans la bande de Gaza vit une situation alimentaire catastrophique, en particulier dans le nord, où la famine sévira d’ici le mois de mai en l’absence de mesures urgentes, selon l’Organisation des Nations unies.

Crédit photo : UPI/Newscom/SIPA

Plus de 1,1 million de Gazaouis sont confrontés à « une situation de faim catastrophique », proche de la famine, « le nombre le plus élevé jamais enregistré » par l'Organisation des Nations unies (ONU), qui se fonde sur le rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) publié ce 18 mars.

Un habitant sur deux dans la bande de Gaza est ainsi concerné, en particulier dans le nord où la famine sévira d'ici le mois de mai en l'absence de mesures « urgentes », ont prévenu les agences spécialisées de l'ONU.

Urgence à acheminer l’aide alimentaire

« Sans changements dans l'accès à l'aide humanitaire, la famine arrive » dans le nord du territoire, a confirmé à l'AFP la directrice générale adjointe de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Beth Bechdol. « Il est possible qu'elle sévisse déjà dans le Nord, mais nous n'avons toujours pas été en mesure de le vérifier », faute d'accès aux territoires concernés, avait-elle précisé.

Les critères de l'IPC, sur lesquels se fondent la FAO et le Programme alimentaire mondial (PAM) pour déclarer une famine, ne sont pas techniquement remplis mais d'ores et déjà « des habitants de Gaza meurent de faim », a déclaré la directrice exécutive du PAM, Cindy McCain.

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken se rend cette semaine en Arabie saoudite et en Égypte pour discuter des efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza et à accélérer l'acheminement d'aide humanitaire.

« Selon la mesure la plus respectée en la matière, 100 % de la population de Gaza est dans une situation d'insécurité alimentaire grave. C'est la première fois qu'une population entière est ainsi classée », a abondé Antony Blinken, soulignant l'urgence d'acheminer plus d'aide humanitaire dans le territoire palestinien.

Un résultat de restrictions imposées

Les sévères restrictions imposées par Israël à l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza et la possible utilisation de la faim comme arme pourraient « constituer un crime de guerre », a déclaré l'ONU ce 19 mars.

« La situation de faim et de famine est le résultat des restrictions étendues imposées par Israël à l’entrée et à la distribution de l’aide humanitaire et des biens commerciaux, du déplacement de la majeure partie de la population, ainsi que de la destruction d’infrastructures civiles cruciales », estime le Haut-Commissaire des droits de l'homme Volker Türk dans un communiqué lu par le porte-parole.

« Israël, en tant que puissance occupante, a l’obligation d’assurer la fourniture de nourriture et de soins médicaux à la population en fonction de ses besoins et de faciliter le travail des organisations humanitaires pour fournir cette assistance », souligne encore le Haut-Commissaire.

Un couloir maritime pour pallier l’urgence dans le Nord

Les destructions sont massives dans la bande de Gaza et, pour l’heure, l'aide humanitaire n'y entre qu'au compte-gouttes. Le chargement d’un premier bateau arrivé le 15 mars dans la bande de Gaza, via un couloir maritime ouvert depuis Chypre, a été acheminé par une agence de l'ONU dans le nord du territoire palestinien, a indiqué l’ONG américaine World Central Kitchen (WCK) en charge de l'opération.

« Les près de 200 tonnes d'aide arrivés sur le navire Open Arms (éponyme de l'ONG espagnole, NDLR) ont été acheminées dans le nord de la bande de Gaza dans le cadre d'un convoi du PAM ce matin », précise WCK dans un communiqué. Aucune date n'avait encore été fixée pour le départ du deuxième bateau chargé de 240 tonnes de nourriture.

Ce couloir humanitaire maritime a été ouvert depuis Chypre, le pays de l'Union européenne le plus proche de la bande de Gaza, pour faire face à l'insuffisance de l'aide rentrant par camion dans le territoire palestinien. La communauté internationale et les ONG soulignent toutefois que l'envoi d'aide par la mer ou les parachutages d'aide ne peuvent se substituer aux routes terrestres.

Dr I.D. avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr