Décision et Stratégie Santé. Pourquoi vous êtes vous rendus en délégation au ministère de la Santé mardi 20 mars ?
Olivier Varnet. Nous souhaitions rencontrer la ministre, car elle n'a pas répondu à notre lettre ouverte de septembre dernier. Elle a pourtant été signée par 1 219 médecins hospitaliers. Nous avons été reçus par des membres du cabinet. Mais ils n'ont pas de pouvoir de décision. Ils nous ont rappelé qu'un cycle de concertation est en cours sur l'avenir de l'hôpital. Mais simplement nous n'entendons pas entrer dans une négociation alors que nous nous opposons au principe même de cette réforme : la ministre a annoncé la baisse des tarifs hospitaliers, aggravant de fait la situation et entraînant les hôpitaux encore plus dans le rouge. Au contraire pour notre part, nous voulons discuter de la fermeture des lits, de la baisse des effectifs médicaux, de l'Ondam et de la pénurie organisée.
DSS. Quel est le contenu exact de cette concertation ?
O. V. La ministre s'appuie sur la crise qu'elle a elle-même créée pour justifier de la réforme du financement des hôpitaux afin de pouvoir mieux faire passer encore les réductions de budget. Or ce n'est pas le coeur du problème. Les structures les plus touchées sont les hôpitaux psychiatriques et les Ehpad qui ne sont pas financées par les T2A.
DSS. Quelle réforme les pouvoirs publics devraient-ils alors engager ?
O. V. Nous demandons simplement que s'arrêtent les fermetures de lit, les réductions d'effectifs. La seule bonne réforme à faire serait de supprimer l'Objectif national des dépenses d'assurance maladie. Car les déficits si souvent mentionnés sont créés par la baisse artificielle des tarifs décidée de manière arbitraire. Plus personne n'est dupe. Ceux qui font semblant d'y croire ont des questions à se poser soit sur leur intelligence, soit sur leur naïveté.
DSS. Certains manifestants de cette délégation souhaitent redonner un pouvoir décisionnel aux commissions médicales d'établissement...
O. V. C'est vrai. Jusqu'à récemment les hôpitaux ont vécu dans un véritable équilibre médico-administratif. Mais avec l'aggravation de la crise à l'hôpital, cet équilibre est en train de se rompre. Pour notre part, en tant que médecins, nous sommes raisonnables. Nous n'invoquons pas des nécessités médicales pour le plaisir de la dépense. Quand nous le faisons, c'est pour la nécessité des patients et leur survie. Si nous ne sommes pas en mesure d'intervenir pour l'organisation stratégique de l'hôpital pour des raisons médicales, cela devient très dangereux pour les malades. Or les directeurs d'hôpitaux sont de plus en plus contraints d'appliquer des décisions des ARS qui elles-mêmes suivent les décisions ministérielles.
DSS. Concernant l'attractivité et les conditions de travail, vous n'avez pas évoqué les suicides de praticiens ?
O. V. Cette situation de mal-être est liée aux pressions qui sont mises sur les directeurs et les médecins chefs de pôles. Ces derniers qui se positionnent un peu comme des directeurs sont parfois déconnectés de la réalité du terrain. Et ce n'est pas une volonté de leur part. Ils sont placés dans cette posture.
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