Les personnes ayant ou ayant eu la syphilis doivent rester exclues définitivement du don du sang, considère le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), dans un avis rendu à la demande la Direction générale de la santé. Celle-ci s'interrogeait en effet sur la pertinence de réintégrer les donneurs de sang guéris de la syphilis depuis plus d’un an au regard des performances techniques des tests biologiques actuellement disponibles.
Or la réponse est non, au nom de la sécurité des receveurs, répond le HCSP dans cet écrit publié ce 5 novembre. L'instance « recommande le maintien de l’exclusion définitive des candidats au don de sang dès lors qu’ils sont ou ont été confirmés positifs pour la présence d’anticorps anti syphilis selon l’algorithme en vigueur », lit-on. Ceci essentiellement parce qu'aucun indicateur biologique robuste ne permet de distinguer les syphilis récentes des cicatrices sérologiques en l’absence de contexte clinique.
Pas d'indicateur biologique robuste
La syphilis fait partie des infections dépistées systématiquement sur chaque don de sang. En France le nombre de diagnostics de syphilis en Cegidd* est relativement stable depuis 2016 : en 2021, 3 300 cas de syphilis ont été diagnostiqués ; 78 % d’entre eux concernaient des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).
Mais en 2022, l'Établissement français du sang (EFS) a observé une augmentation de 67 % par rapport à 2021 des donneurs de sang positifs pour la syphilis, pour atteindre un taux de positivité à la syphilis inédit depuis 2007 (1,74/10 000 dons). Cette augmentation concerne en particulier des hommes primo-donneurs de 31 à 40 ans.
Pour un diagnostic, l'Établissement français du sang recourt à des tests tréponémiques (TT), qui permettent de détecter les anticorps de type IgG et IgM dirigés contre la bactérie spirochète Treponema pallidum responsable de la syphilis. Mais ces anticorps restent présents bien au-delà d'un an, même si la personne est guérie.
D'autres tests existent, dits non tréponémiques (TNT), utilisés dans certains cas par le Centre de transfusion sanguine des armées (CTSA), pour tenter de déterminer si la syphilis est récente ou s’il s’agit d’une cicatrice sérologique d’une syphilis ancienne guérie et ainsi de pouvoir éventuellement qualifier le don. Ils ont en effet l'avantage de se positiver à la phase aiguë de la maladie et de redevenir négatifs en cas de syphilis traitée guérie. Mais ils peuvent aussi rester négatifs jusqu’à 6 semaines après le début de l’infection ou produire des faux positifs, si bien que le CTSA s'engage à calquer ses pratiques sur celles de l'EFS. « Il est difficile d’établir un diagnostic de syphilis récente ou guérie sur la seule biologie et à partir d’un seul prélèvement », résume le HCSP.
Une position partagée en Europe
Par ailleurs, 13 pays de l'European Blood Alliance excluent aussi définitivement les donneurs présentant des signes biologiques de syphilis confirmée ou ayant des tests (TT) de dépistage positifs de façon répétée. Ceci d'autant que la syphilis n'est pas une maladie immunisante.
Le HCSP rappelle enfin l’importance de renseigner très exactement le questionnaire pré-don, notamment en matière de comportements sexuels, car les TT peuvent être négatifs à la phase très précoce de la primo-infection. Pour rappel, le questionnaire a récemment changé, avec la fin de la discrimination des HSH en 2022.
* Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles
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