Une plainte a été déposée le 15 novembre à Paris par la mère de deux enfants « atteints de troubles neurocomportementaux » qui travaillait, lors de ses grossesses, « en face » du site de fabrication de la Dépakine par Sanofi à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques).
Selon les informations du journal Le Monde, qui a révélé la plainte, la plaignante « n’a jamais consommé de Dépakine, mais travaille depuis 2011 dans un bureau situé à une cinquantaine de mètres de la cheminée de Sanofi ». Elle a déposé plainte pour blessures involontaires ayant entraîné une ITT de plus de trois mois, mise en danger de la vie d'autrui et non-signalement d'effet indésirable, a précisé son avocat Charles Joseph-Oudin. « Il n'y a pas d'autre cause possible » à l'origine des troubles de ses enfants que les rejets toxiques de l'usine dans l'air qu'elle a respiré, affirme-t-il.
Sollicité par l'AFP, Sanofi a indiqué n'avoir « pas connaissance de cette procédure ». « À ce stade, aucune » des études déjà réalisées ou en cours « n'a permis de faire ressortir un risque particulier » lié aux « émissions atmosphériques » générées par la fabrication du médicament, assure le groupe pharmaceutique.
Une enquête en cours au pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris
Depuis août 2022, un juge d'instruction du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris enquête sur les rejets toxiques du site du bassin de Lacq pour « mise en danger d'autrui » et « délit d'obstacle à agent habilité », après la révélation par l'association France Nature Environnement (FNE) de rejets toxiques hors normes de valproate de sodium.
Commercialisé sous le nom de Dépakine par Sanofi, le médicament est un antiépileptique contre-indiqué chez les femmes enceintes en raison des risques de malformation et de troubles du neurodéveloppement chez l’enfant. « Je suis scientifique. Je ne peux rien affirmer. Je m'interroge sur le lien entre mon exposition et les troubles constatés chez mes enfants » nés en 2014 et 2016, explique la plaignante, âgée de 37 ans, dans Le Monde. Elle espère que la justice puisse « répondre à (ses) questions et enquêter au-delà de (son) cas sur ce qui pourrait potentiellement être un scandale sanitaire ».
Selon la présidente de l'Association des parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant (Apesac), Marine Martin, le « taux de dépakinémie » de la plaignante s'est révélé « positif comme chez de nombreux salariés ». Indignée du « déni » de responsabilité de Sanofi dans les rejets toxiques menés entre 2013 et 2019, elle suppose qu'il y a « probablement un cluster dans cette région ».
L'action de cette mère « confirme le bien-fondé de la plainte déposée par les syndicats des travailleurs qui sont les premières personnes exposées et des sentinelles concernant la mise en danger des riverains », d'après Me François Lafforgue, avocat de la CGT locale et de la Fédération nationale des industries chimiques CGT, parties civiles à l'origine de l'ouverture de l'information judiciaire en août 2022.
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