La crise sanitaire n’a pas freiné la circulation des drogues en Europe. Au contraire, certaines substances illicites auraient enregistré des records de disponibilité. Telle est la principale conclusion du « quatrième aperçu complet des marchés illicites de la drogue dans l'UE », dressé par l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) en partenariat avec Europol et présenté ce 6 mai lors d’une conférence de presse à Bruxelles. Un rapport qui décrit, pour chaque molécule (ou famille de substances illicites), « l’ensemble du marché, de la production et du trafic à la distribution et l’utilisation » sur le continent.
À commencer par la cocaïne, deuxième drogue la plus consommée dans l'UE après le cannabis, qui se révèle « en expansion » pour la quatrième année consécutive. Le rapport pointe ainsi « des niveaux de trafic sans précédent », et ainsi « une disponibilité historiquement élevée ». De fait, des quantités records de cocaïne (214,6 tonnes) ont été saisies en Europe en 2020 - en hausse de 6 % par rapport à 2019 -,pour les trois quarts en Belgique (70 tonnes), aux Pays Bas (49 tonnes) et en Espagne (38 tonnes).
La transformation de la cocaïne se déplace en Europe
Une croissance de ce « marché de la cocaïne » liée à une modification du débit et de l’organisation des circuits de production. En effet, en Colombie, en Bolivie et au Pérou, principaux pourvoyeurs de cocaïne, la fabrication est en hausse. Et la transformation a désormais lieu en Europe, principalement - encore - en Belgique, aux Pays-Bas et en Espagne. De fait, des données récentes montrent que de grandes quantités de chlorhydrate de cocaïne ont été produites en Europe à partir de produits intermédiaires, tels que la pâte de coca et la cocaïne base.
+ 477 % de méthamphétamine saisie entre 2010 et 2020
Mais la cocaïne n’est pas la seule drogue à se diffuser. La méthamphétamine, drogue de synthèse stimulante, est aussi concernée. Certes, cette substance illicite classiquement moins répandue que la cocaïne continue de jouer un « rôle relativement secondaire sur le marché européen des drogues ». Cependant, le produit représenterait dans l’UE une menace croissante.
De fait, les données de 2020 suggèrent que la circulation de la drogue a plus que doublé en une décennie. Dans l'UE, entre 2010 et 2020, le nombre de saisies de méthamphétamine est passé de 3 000 à 6 000. Si bien que la méthamphétamine compte désormais parmi les drogues le plus souvent saisies par envois postaux. En termes de quantité, ces saisies ont même augmenté de 477 %, atteignant 2,2 tonnes en 2020.
À noter que pour soutenir cette expansion du marché de la méthamphétamine, les circuits de production de cette substance changent également. Si historiquement, la production en Europe se déroule dans de petites « cuisine » en Tchéquie et dans les pays voisins, Europol et l'EMCDDA se préoccupent de laboratoires situés en Belgique et aux Pays-Bas dont la taille et la production ont augmenté ne serait-ce que depuis 2019. La méthamphétamine provenant d'Afghanistan constitue une autre inquiétude. Certes, le pays ne semble pas être une source majeure d'approvisionnement, mais le prix relativement faible de la méthamphétamine afghane peut être « économiquement attrayant pour les réseaux criminels », le long des itinéraires établis pour le trafic d'héroïne.
Au total, les marchés de la drogue ont su, en UE, contourner les perturbations liées à la crise sanitaire. Si bien que l'UE est aujourd'hui confrontée à une « menace croissante découlant d'un marché des drogues plus diversifié et plus dynamique », qui se traduit non seulement par une recrudescence de la violence et de la corruption, mais aussi par une « aggravation des problèmes de santé », souligne un communiqué.
(Avec AFP)
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