En France, plus de deux millions d’adultes pourraient présenter une forme prolongée de Covid-19. C’est ce qui se dégage d’une enquête de Santé publique France publiée ce 22 juillet. La première à estimer la prévalence de l’affection post-Covid-19, plus communément appelée Covid long, telle que la définit l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), avance l’agence lors de son point presse hebdomadaire.
Depuis octobre 2021, l'OMS définit le Covid long par des troubles tels qu’une toux, une fatigue, une dyspnée, une fièvre intermittente, une anomie, etc. présents trois mois après l’infection initiale, persistant au moins deux mois, ne pouvant être attribués à d’autres diagnostics et ayant un impact sur la vie quotidienne. Cependant, la prévalence exacte de cette forme prolongée de Covid-19 reste méconnue. En effet, si des travaux anglais ont suggéré que 10 à 15 % des sujets infectés pourraient développer des symptômes persistant plus de 4 à 6 mois,peu de données épidémiologiques étaient jusqu’à présent disponibles dans l’Hexagone, où seules des études fondées sur des échantillons hospitaliers ont pour l’heure été menées, déplore Santé publique France.
4 % des adultes avaient contracté un Covid long ce printemps
Une situation à laquelle l’agence a voulu remédier en estimant non seulement « la prévalence de l’affection post-Covid-19 » dans le pays sur la base des critères de l’OMS, mais aussi « ses conséquences en termes de recours aux soins ». Pour ce faire, l’instance a conduit entre le 22 mars et le 8 avril 2022 une enquête en ligne auprès d’un panel d’adultes volontaires résidant en France métropolitaine. « Au total, 27 537 personnes âgées d'au moins 18 ans ont participé à l'étude, constituant un échantillon représentatif de la population française en termes d'âge, de sexe, de catégories socioprofessionnelles et de régions de résidence (méthode des quotas) », rapporte Santé publique France. Près de 34 % des participants (plus de 9 300 personnes) ont déclaré avoir contracté une infection par le SARS-CoV-2. Et ce, au moins 3 mois avant l’enquête pour près de 40 % d’entre eux (plus de 3 600 personnes).
« Les premiers résultats de cette étude indiquent qu'une part importante de la population française souffre de l’affection post-Covid-19 telle que définie par l’OMS », indique l'enquête. En effet, selon l’agence, « la prévalence de l’affection post-Covid-19 est estimée à 4 % en population générale adulte et à 30 % parmi les personnes ayant été infectées par le SARS-CoV-2 ». Certains publics seraient même plus vulnérables encore au Covid-19 long, puisque 32 % des actifs contaminés, 33 % des femmes infectées et même 38 % des personnes hospitalisées à la phase initiale de la maladie seraient concernés. Des résultats qui, appliqués à l’ensemble de la population française, suggèrent que 2,06 millions d’adultes étaient atteints de Covid long au printemps.
Les généralistes particulièrement confrontés au Covid long
Et le recours aux soins associé au Covid long se ferait « avant tout par la médecine générale ». De fait, alors que seuls 10 % des malades environ n’auraient pas recours au système de soins, « 87 % des participants présentant une affection post-Covid-19 ont consulté un médecin généraliste au cours de l’année précédant l’enquête contre 79 % des participants infectés par le SARS-CoV-2 et 79 % des participants n’ayant pas été infectés », souligne Santé publique France. Pour comparaison, des radiologues, des cardiologues, des ORL ou des psychiatres n’avaient été consultés que par 36 %, 25 %, 17 % et 9 % des participants. « (Le généraliste) constitue donc le premier point de contact pour assurer le diagnostic et la bonne prise en charge de l’affection post-Covid-19, (et pour proposer une) bonne information (…) sur la pathologie et les dispositifs complémentaires de prise en charge. »
Des données complémentaires notamment sur l’estimation du fardeau associé au Covid long pourraient émerger prochainement. Des chiffres concernant les arrêts maladie liés à l’affection post-Covid seraient par exemple en cours d’analyse, révèle Santé publique France. Et des estimations plus robustes du recours aux soins comme de la prévalence du Covid long pourraient émerger sous quelques semaines. En effet, l’instance, qui admet que les résultats de cette première enquête « doivent être interprétés avec prudence » du fait d’un recours uniquement à des volontaires, prévoit de poursuivre son travail « sur un échantillon aléatoire en population générale ».
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