Une nouvelle campagne de rappel vaccinal contre le Covid-19 démarre ce 2 octobre. Elle cible en particulier les populations les plus à risque : les plus de 65 ans, les personnes atteintes de comorbidités, les femmes enceintes, les résidents d’Ehpad ou encore les personnes au contact de personnes fragiles. Mais toute personne souhaitant un rappel peut y prétendre, à condition de respecter un délai de six mois après la dernière injection ou infection au Covid. Le rappel peut être effectué en ville par un médecin, un pharmacien, mais aussi un infirmier, une sage-femme, ou même un dentiste.
Initialement prévue en même temps que la vaccination contre la grippe, à partir du 17 octobre, cette campagne de rappel a été avancée sur recommandation du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars), pour faire face à la reprise épidémique.
Un vaccin adapté aux variants en circulation
Cette campagne anticipée se justifie par la circulation de variants « échappant à l’immunité acquise », a précisé la Pr Brigitte Autran, présidente du Covars, lors d’un point presse commun à l’Inserm et à l’ANRS-MIE. La campagne de rappel* s’appuie pour l’instant sur le vaccin monovalent Comirnaty de Pfizer – BioNTech, adapté au variant XBB.1.5 (sous-variant d'Omicron). Le laboratoire Moderna a obtenu une autorisation de l’agence européenne des médicaments (EMA) plus tardivement pour son vaccin ciblant XBB. Des doses devraient être disponibles en novembre.
Actuellement, 95 % des variants circulants sont des descendants de XBB, un recombinant des sous-lignées d’Omicron BA.2 et BA.5, a ajouté le Pr Bruno Lina, responsable du Centre national de référence (CNR) virus des infections respiratoires des Hospices civiles de Lyon (HCL) et membre du Covars. Ces variants (dont EG.5 et ses dérivés qui sont dominants à l’international) partagent des caractéristiques avec Omicron : une « très forte transmission aérienne », une « infection des voies respiratoires supérieures » et une sévérité légèrement moindre, détaille le virologue.
Les données d’immunogénicité montrent une production d’anticorps dirigés contre les variants en circulation « nettement supérieure » à celle obtenue avec les vaccins bivalents, rappelle le Pr Lina. Concernant le variant BA.2.86, surveillé pour son nombre « extrêmement » élevé de mutations, les données d’immunogénicité montrent un niveau de protection « presque équivalent » à celui obtenu face à EG.5. Pour l’heure, ce variant (détecté dans moins de 1 % des séquences analysées) ne semble « pas avoir la capacité à remplacer EG.5 », poursuit-il.
Les symptômes actuels sont similaires à ceux des vagues précédentes et le risque de symptômes prolongés (Covid long) est « deux à trois fois moins » élevé depuis l’arrivée d’Omicron et de ses descendants.
Vers une surveillance renforcée
Coté surveillance, « nous ne sommes pas aveugles », assure le Pr Lina, grâce aux indicateurs relatifs à la surveillance syndromique (réseaux Oscour et Sentinelles, mortalité) et à la surveillance virologique et génomique. Une réflexion est en cours au ministère pour un « néo Sidep », en référence au système d'information du dépistage populationnel ayant pris fin en juillet 2022. Un retour de cet indicateur pourrait intervenir « dans les semaines qui viennent », poursuit le virologue.
La surveillance pourrait aussi être prochainement enrichie des données issues de certains laboratoires privés. Une « étude préliminaire » est à venir, ajoute-t-il. La surveillance des eaux usées par le réseau Sum’Eau a également été relancée il y a « dix jours ou trois semaines », indique le Pr Lina. Si cette remise en marche fait suite à une « urgence » pour le suivi de l’hépatite E, le réseau sera utile à la surveillance du Covid.
La semaine dernière, les données du réseau Oscour ont permis d’établir le R effectif (taux de reproduction) à 1, ce qui pourrait être le signe d’un plateau ou d’une vague toujours en cours. L’an dernier, les données par âge avaient permis d’établir que l’épidémie avait d’abord été portée par les enfants en septembre 2022 avant de basculer chez les plus âgés, rappelle le Pr Lina. C’est ce qui se passe actuellement « dans certaines régions », indique-t-il. Le virologue dit également s’attendre à une « reprise » en hiver.
La recherche commence à lever le voile sur le Covid long
Deux millions de personnes en France souffriraient de symptômes persistants, selon les données de Santé publique France. S’il a fallu du « temps pour reconnaître la maladie », la recherche progresse sur la compréhension des mécanismes à l’œuvre, souligne Vincent Prévot, directeur de recherche à l'Inserm au sein du Centre de Recherche Lille Neuroscience & Cognition.
Ces symptômes sont liés, explique-t-il, à « la capacité du virus à cibler plusieurs organes ». Deux voies sont possibles : par l’épithélium nasal ou par la voie sanguine. Il reste primordial d’avancer encore sur les connaissances neuro-pathologiques du Covid et sur l’identification des organes touchés, estime le directeur de recherche. Des travaux britanniques, publiés la semaine dernière dans le Lancet Respiratory Medicine, ont mis en évidence une perte de cognition significative (mémoire et apprentissage), à 6 mois, chez des patients hospitalisés, mais aussi, chez la moitié d’entre eux, des anomalies d’imagerie sur plusieurs organes et notamment le cerveau et le foie.
*Pour les personnes qui ne souhaitent pas et/ou ne peuvent pas bénéficier de vaccins à ARNm, il est possible d'utiliser en rappel des vaccins VidPrevtyn Beta de Sanofi et Nuvaxovid de Novavax. Ce dernier, adapté à XBB.1.5, est attendu pour novembre.
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