Depuis près d'un an, les femmes enceintes sont prioritaires pour accéder à la vaccination anti-Covid. Pourtant, début janvier, presque un tiers d'entre elles n'avaient pas été vaccinées. Telle est la conclusion d'un nouveau rapport du groupement d'intérêt scientifique Epi-phare (Cnam/ANSM) publié le 15 février. L’objectif de ce travail était de connaître le taux de non-vaccination des femmes enceintes et d'identifier d'éventuels facteurs favorisant l'abstention.
Sous-vaccination
Les auteurs ont analysé les données de la base nationale de vaccination Covid-19 VAC-SI couplées à celles du Système national des données de santé (SNDS) pour définir le statut vaccinal, à une date donnée, de l’ensemble des femmes enceintes ayant déclaré leur grossesse. Étaient considérées comme non-vaccinées celles n’ayant reçu aucune dose de vaccin anti-Covid, que ce soit avant ou durant la grossesse.
L'exercice a été répété au 1er novembre 2021, au 1er décembre 2021 et au 6 janvier 2022. À ces trois dates, 34,2 %, 32,6 % et 29,8 % des femmes enceintes n'avaient reçu aucun vaccin anti-Covid. Soit « des taux très nettement supérieurs à ceux des femmes du même âge qui n’étaient pas enceintes », souligne le rapport.
« Ces résultats suggèrent que la grossesse semble constituer un frein à la vaccination alors même qu’être vaccinée est fortement recommandé dans cette situation à risque de forme grave », estiment les auteurs de l'étude.
Des réticences aussi liées à l'âge et au statut social
À noter toutefois que la situation variait fortement selon l'âge des femmes enceintes – les plus jeunes étant moins vaccinées - mais aussi selon leur statut social - avec un taux de non-vaccination plus élevé parmi celles résidant dans les communes les plus défavorisées.
Ce taux différait aussi selon le trimestre de grossesse, avec, en janvier, moins de femmes en fin de grossesse vaccinées. « Ce résultat traduit la plus grande possibilité de se faire vacciner avant son projet de grossesse fin 2021 qu’au printemps 2021 », interprète la Cnam.
Enfin, il existait début janvier 2022 de très fortes disparités géographiques, les régions ultramarines, Paca et la Corse étant celles enregistrant les taux de vaccination les plus bas.
Face à cette « sous-vaccination », l'Assurance Maladie entend « renforcer (ses) actions d’information des femmes concernées et de sensibilisation des professionnels de santé qui les accompagnent au cours de leur grossesse ».
Les femmes enceintes plus à risque de formes graves
En France, depuis début avril 2021, toutes les femmes enceintes sont incitées à se faire vacciner avec un vaccin à ARNm à partir du 2e trimestre de grossesse. En juillet 2021, le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV) a même proposé que la vaccination soit rendue possible au cours du 1er trimestre de grossesse pour les femmes qui le souhaitent. Et depuis novembre 2021, le COSV recommande d’étendre l’indication de rappel aux femmes enceintes, « compte tenu à la fois de la bonne tolérance au vaccin et des risques inhérents de la maladie pour cette population ».
Les données internationales montrent en effet qu'en cas de Covid-19, « les femmes enceintes ont des risques accrus d'admission en Unité de Soins Intensifs, de ventilation invasive et de décès par rapport aux femmes en âge de procréer non enceintes », souligne le groupement Epi-phare. En particulier, celles de plus de 35 ans ou présentant des comorbidités comme l’obésité, le diabète ou les maladies cardiovasculaires, ou encore celles susceptibles d’être en contact avec des personnes infectées du fait de leur activité professionnelle, présentent un risque accru de forme sévère de Covid, notamment au 3e trimestre de grossesse. A contrario, « les études disponibles n’ont pas montré, à ce jour, de conséquences des vaccins à ARNm sur le déroulement de la grossesse ».
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