La décrue de la vague de Covid-19 due au sous-variant BA.5 d’Omicron semble bel et bien amorcée. C’est ce que suggère le dernier point épidémiologique de Santé publique France.
En semaine 28, « la circulation du SARS-CoV-2 a diminué sur l’ensemble du territoire », rapporte l’agence. En effet, alors qu’au cours des semaines précédentes, les indicateurs n’avaient cessé de croître, entre le 11 et le 17 juillet, le taux d’incidence a chuté de 16 %. Et cette dynamique de baisse a été enregistrée dans la majorité des régions, et en particulier en Île-de-France et dans les Pays de la Loire. Si bien que le R-effectif est désormais inférieur à 1, rapporte Santé publique France.
Une décrue encore fragile
Et ce ralentissement de l’épidémie pourrait d'ores et déjà se traduire par un allègement de la pression hospitalière. De fait, les nombres de nouvelles hospitalisations et d’admissions en soins critiques auraient commencé à reculer, de 12 et 13 % respectivement.
Cependant, pour Santé publique France, il est encore trop tôt pour crier victoire. D’abord car les chiffres ne sont pas si rassurants. De fait, avec plus de 1 100 nouveaux cas pour 100 000 habitants, le taux d’incidence reste encore élevé. De plus, « (en raison) de la non-consolidation des données, ces tendances à la baisse (des admissions à l’hôpital et en soins critiques) tendent à être surestimées et seront à confirmer dans le prochain point épidémiologique », temporise l’agence. Et, les décès à l’hôpital et en ESMS continuent d’augmenter de façon significative (de + 42 % par rapport à la semaine 27).
Des craintes pour le mois d'août
En outre, le mois d’août apparaît risqué. Ce qu’a expliqué Jean-François Delfraissy le 21 juillet, lors de la dernière conférence de presse du Conseil scientifique – qui sera dissous à la fin du mois avec la sortie de crise sanitaire. Selon lui, les mouvements de population « en particulier sur les côtes », les contacts intergénérationnels, les effectifs hospitaliers réduits en période de congés estivaux pourraient contribuer à « une tension assez forte sur les zones de vacances ». Ainsi le Conseil scientifique insiste-t-il dans ce contexte sur « la fragilité du système de soins », souligne le Pr Delfraissy.
Et au-delà de l’été, l’évolution de la situation épidémique pose question à moyen terme. Et pour cause : comme le déplore l’épidémiologiste Simon Cauchemez lors de la conférence de presse du Conseil scientifique, depuis l’émergence de la vague BA.5, « on ne dispose pas d’un modèle pour évaluer les vagues (à venir) » – même si des travaux visant à combler cette lacune seraient « en cours ». Une situation liée à une complexification du paysage épidémiologique liée à l’émergence de différents variants.
De fait, si BA.5 apparaît majoritaire en France, à l’échelle mondiale, la pandémie est désormais marquée par une grande diversité de variants. Par exemple, BA.4 est dominant en Afrique du Sud, et BA.2 reste dominant aux États-Unis. « Manifestement, on voit que le virus du Covid a encore un potentiel d'évolution important, qu’il ne va pas se stabiliser, et qu’en aucun cas ce virus disparaîtra », prévoit Bruno Lina lors de la conférence de presse du Conseil scientifique.
Trois scénarios pour l'automne
Dans ce contexte selon le virologue, trois scénarios – détaillés dans le dernier avis du conseil scientifique, paru cette semaine – peuvent être envisagés en France pour les mois qui viennent. Le premier concerne « la continuation de la circulation » de nouveaux sous-variants d'Omicron, indique le Pr Lina. Une nouvelle souche descendante d’Omicron émergerait – que ce soit au sein de la lignée BA ou d'une autre, comme la lignée BF – et provoquerait une nouvelle vague à l’automne.
Autre possibilité : la persistance de BA.5. Dans ce cadre, une nouvelle vague automnale similaire à la vague actuelle pourrait se produire. C’est en tout cas ce qui avait été observé avec Delta, rappelle Bruno Lina.
Enfin, un nouveau virus, plus disruptif, pourrait apparaître à partir de la « racine évolutive », soit de la souche originale du SARS-CoV-2, avec échappement à l’immunité et sévérité accrue. « Ce scénario n’est pas le plus à risque (de se produire) mais est à surveiller », indique Bruno Lina.
Le choix de la stratégie de lutte contre le Covid-19 doit faire l'objet d'un débat
De plus, la stratégie qui permettrait de vivre au mieux avec les variants à moyen et long terme reste aussi à déterminer. Sur ce point, l’épidémiologiste Arnaud Fontanet entrevoit trois options. La première consisterait à « baser la stratégie sur le risque de saturation des hôpitaux ». Dans ce cadre, en l’absence de risque de surpression hospitalière, peu de mesures seraient prises. Une tactique légère, facilement acceptable par la population, qui apparaît toutefois « inégalitaire dans son impact », les publics défavorisés ayant un accès insuffisant aux mesures de prévention.
À l’opposé, un fort contrôle de l’épidémie pourrait aussi être recherché par des mesures contraignantes se maintenant dans la durée comme un traçage renforcé des contacts, un retour du port du masque généralisé, des contrôles aux frontières, etc. « C’est ce qu’ont essayé des pays d’Asie », mais avec une efficacité « parfois relative », rapporte le Pr Fontanet.
Le Conseil scientifique, lui, préconiserait une stratégie intermédiaire pour faire face aux prochaines vagues. Il s’agirait alors de prendre en compte globalement l'impact du Covid-19 - exposition des plus fragiles, absentéisme, risque de covid long, pics locaux, etc. - pour ajuster la riposte et instaurer des mesures ponctuelles. Quoi qu'il en soit, le choix de la stratégie à adopter face au SARS-CoV-2 et à ses variants relève d'un choix politique qui « doit faire l'objet d'un débat » de société, juge Arnaud Fontanet.
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