Après la survenue de 10 cas suspectés de botulisme à Bordeaux, dont une personne décédée, la Direction générale de la Santé (DGS) rappelle les modalités de traitement de cette affection neurologique rare, dans un DGS Urgent ce 12 septembre.
Sur les 10 cas cliniquement évocateurs de botulisme alimentaire, huit personnes sont encore hospitalisées à Bordeaux et en Île-de-France, dont sept sont en réanimation, et une en unité de surveillance continue. La neuvième serait repartie à l'étranger entre-temps (en Allemagne). Quant au décès, il s'agirait d'une jeune femme de 32 ans. La plupart sont de nationalité étrangère (américaine, canadienne et allemande). Tous ont fréquenté entre le 4 et le 10 septembre le même bar bordelais (Tchin tchin wine bar), où ils ont consommé des sardines en bocal préparées par le restaurateur.
Le botulisme est une maladie à déclaration obligatoire, provoquée par des neurotoxines botuliques réparties en sept types qui s'attaquent au système nerveux. Selon l'institut Pasteur, quatre types (A, B, E, et plus rarement F) affectent l'être humain. Ces neurotoxines sont synthétisées par la bactérie Clostridium botulinum, qui se développe dans des aliments mal conservés.
Antitoxine botulique pour raccourcir l'hospitalisation
« Le temps d’incubation du botulisme alimentaire peut aller de quelques heures à quelques jours. Les symptômes comprennent, à des degrés variables : des signes digestifs précoces pouvant être fugaces (douleurs abdominales, nausées, vomissements et diarrhée), une atteinte oculaire (défaut d’accommodation, vision floue ou double), une sécheresse de la bouche accompagnée d’un défaut de déglutition voire d’élocution, ou des symptômes neurologiques (fausses routes, paralysie plus ou moins forte des muscles, notamment respiratoires) », précise le DGS Urgent. Il n'y a habituellement pas de fièvre. Le botulisme est mortel dans 5 à 10 % des cas.
La survenue d’autres cas, dans les prochains jours, en lien avec cet établissement n’est pas exclue, est-il ajouté. Selon le Dr Benjamin Clouzeau, médecin anesthésiste-réanimateur à l'hôpital Pellegrin de Bordeaux, 12 étaient désormais recensés ce mercredi 13 septembre au matin. Il a fait état sur le réseau social X (ex-Twitter), d'un « nouveau cas » signalé en Espagne, « toujours rattaché au foyer bordelais ».
Les autorités sanitaires, en lien avec Santé publique France et le Centre national de référence du botulisme de l'Institut Pasteur, recommandent aux personnes ayant fréquenté l'établissement aux mêmes dates et présentant des symptômes (diarrhée, vomissements, troubles de la vision ou de la parole) de consulter un médecin de toute urgence ou de contacter le 15.
Le traitement du botulisme est essentiellement symptomatique et requiert, dans les formes sévères, des soins respiratoires intensifs avec ventilation assistée. L’administration d’antitoxine botulique dans les heures ou les premiers jours après le début des symptômes peut permettre de raccourcir le temps d’hospitalisation, poursuit la DGS. La dispensation de l'antitoxine botulique se fait via une autorisation d’accès compassionnel (AAC). La demande de celle-ci s’effectue par les pharmacies à usage intérieur (PUI) sur la plateforme e-Saturne de l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Une fois l'autorisation validée, il faut ensuite demander l'antitoxine botulique à Santé publique France (SPF) qui gère le stock de l'État (par mail : alerte@santepubliquefrance.fr).
Longue convalescence
La grande majorité des malades pris en charge sans délai guérissent sans séquelles, mais la durée du traitement et de la convalescence peut durer plusieurs mois, ajoute l'agence sanitaire. « Le risque immédiat de cette maladie, c'est de mourir d'une paralysie des muscles respiratoires. Une fois mis sous assistance respiratoire, ce risque-là disparaît mais on se retrouve dans une situation de dépendance totale de la machine », explique le Dr Clouzeau à l'AFP. « Une fois que la toxine est bloquée et fixée, elle paralyse les muscles pendant plusieurs semaines ».
L'incidence du botulisme en France s’est stabilisée depuis 1980 autour de 20-30 foyers par an, impliquant le plus souvent chacun un à trois malades. Il s'agit en majorité de botulisme alimentaire, les autres formes (infantile due à la colonisation de l'intestin par C. botulinum ou par blessure, après contamination d’une plaie par la bactérie) étant plus rares.
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