À l’aide d’une évaluation quantitative des impacts sur la santé (EQIS), Santé publique France (SPF) a mis en évidence l’intérêt d’agir au niveau des collectivités sur différents déterminants environnementaux, tels que les espaces verts, les mobilités actives et la pollution de l’air, d’un point de vue sanitaire.
Présentés lors d’une conférence de presse de l’agence sanitaire, les résultats de cette étude pilote, menée en collaboration avec trois métropoles – Métropole européenne de Lille, Montpellier Méditerranée Métropole et Métropole Rouen Normandie – au cours de la période 2015-2019, ont vocation à être un « vrai appui » pour les politiques publiques en matière d’environnement.
La méthode EQIS, robuste, est historiquement employée pour étudier la pollution de l’air et permet de quantifier concrètement l’impact sanitaire de mesures ciblant des déterminants de la santé. Le principe de la méthode est de fournir des ordres de grandeur afin de sensibiliser et d’inciter à l’action.
Les cinq déterminants étudiés ici sont les espaces verts, les mobilités actives, la qualité de l’air, le bruit des transports et la chaleur, qui sont des déterminants dont les impacts sur la santé sont bien documentés et qui peuvent être ciblés par des politiques d’aménagement du territoire mises en place par les collectivités.
« Ce sont aussi des déterminants qui peuvent être des éléments clés importants pour l’adaptation au changement climatique, la réduction des gaz à effet de serre et la protection de la biodiversité », a souligné Mathilde Pascal, chargée de projet scientifique à la Direction Santé Environnement Travail de SPF, lors d’une conférence de presse de l’agence sanitaire.
Des bénéfices nets en termes de mortalité
Pour ce qui est des espaces verts, cette approche a montré qu’en atteignant dans tous les quartiers les niveaux de végétation des quartiers les plus riches en espaces verts, la mortalité serait réduite de 3 à 7 %, avec 80 à 300 décès évités par an selon les métropoles.
Concernant les mobilités actives, l’étude s’est intéressée à la pratique de la marche et du vélo. Quelque 100 à 300 décès pourraient être évités en fonction des métropoles dès lors que chaque habitant d’au moins 30 ans marcherait 10 minutes de plus chaque jour de la semaine, ce qui correspond à une baisse de la mortalité de 3 %.
Pour une augmentation équivalente de la pratique du vélo, c’est 200 à 600 décès par an selon la métropole qui pourraient être évités, soit une baisse de 6 %.
De plus, si 90 % des déplacements de moins de 1 km étaient faits en marchant, la mortalité pourrait être réduite de 2 à 3 %, avec 100 à 200 décès évités par an selon la métropole.
Pour la pollution de l’air, l’équipe de SPF s’est appuyée sur les valeurs seuils recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans les trois métropoles étudiées, l’ensemble de la population était exposé à des concentrations en particules fines PM2,5 supérieures à la valeur recommandée et la quasi-totalité de la population à des concentrations de dioxyde d’azote (NO2) supérieures à la valeur recommandée.
Pourtant, si la valeur seuil de l’OMS était respectée pour les particules PM2,5, la mortalité pourrait diminuer de 7 à 12 % selon la métropole, évitant ainsi de 300 à 1 000 décès par an.
Pour le NO2, c’est l’impact sur l’asthme chez l’enfant qui a été étudié : le respect de la valeur seuil recommandée par l’OMS pourrait réduire le nombre de nouveaux cas de 8 à 12 % selon la métropole, soit une baisse de 200 à 500 cas par an.
Des résultats tangibles pour guider les politiques publiques
Si les seuils de l’OMS étaient également respectés concernant le bruit des transports routiers et ferroviaires, le sommeil de plusieurs milliers de personnes par an par métropole pourrait être amélioré. Réduire l’exposition au bruit des transports permettrait également d’éviter 20 à 90 hospitalisations pour maladies cardiovasculaires par an.
Concernant la chaleur, l’étude a montré que la température des 10 % des jours les plus chauds de l'année était responsable de 1 % de la mortalité observée durant l'été, avec 35 à 90 décès par an en fonction des métropoles.
« Nous espérons que ces résultats tangibles seront utiles pour guider les politiques publiques », avance Mélina Le Barbier-Andréani, directrice adjointe de la Direction Santé Environnement Travail de SPF. Les responsables des trois métropoles participantes, à qui SPF donne la parole dans son communiqué, saluent ce travail qui vient chiffrer l’impact sanitaire des actions déployées. Par exemple, ce sont à Rouen une expérimentation de la « gratuité » des transports en commun, notamment pendant les pics de pollution, la mise en place d’une zone à faibles émissions (ZFE), une renaturation, la location de vélos électriques longue durée, à Montpellier l’enrichissement du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) et du plan des mobilités (PDM) ou encore à Lille le développement des transports en commun, le plan vélo, la stratégie nature et eau en métropole, la prime pour le remplacement des chauffages polluants et le plan de prévention du bruit. SPF souhaite désormais mettre la méthodologie EQIS utilisée pour ce travail à disposition des autres métropoles.
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