L’ambition est de permettre une sensibilisation du grand public aux risques liés à la présence de polluants dans l’eau, l’air et les sols, tout en donnant aux décideurs, « particulièrement (aux) élus en responsabilité », des pistes pour les prévenir. Dans une tribune publiée ce 2 février dans Le Monde, des médecins, chercheurs, représentants associatifs et parlementaires plaident pour la création d’une « structure internationale indépendante et scientifique » , à l’image du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). La mission du Giec de la pollution chimique ? « Diffuser la connaissance et favoriser la mise en œuvre des mesures de gestion », lit-on.
« Le principe fait lentement son chemin, comme en témoigne la conférence du programme des Nations unies pour l’environnement organisée à Nairobi en décembre dernier. Il s’agit à présent d’accélérer significativement cette pré-configuration et de s’assurer de sa mise en œuvre », expliquent les signataires, qui tous ont contribué au livre blanc de la Fondation de l’Académie de médecine (FAM), intitulé « Pollution chimique de l’environnement et santé publique », qui a été présenté quelques jours plus tôt, le 31 janvier, à l’Assemblée nationale.
Sensibiliser à la notion d’exposome
Entre 40 000 et 60 000 produits chimiques industriels sont actuellement commercialisés dans le monde, rappellent-ils. Si les effets sur l’environnement et la santé de la propagation de ces substances (parfois persistantes), de leurs mélanges et de leurs nombreux produits de dégradation sont mieux connus, la recherche doit encore progresser.
Le sujet de la multi-exposition chimique tout au long de la vie (exposome) « ne doit plus être banalisé » et réclame un « investissement majeur », arguent les signataires. « Le coût de l’investissement dans les recherches sur l’exposome doit être comparé au coût de l’inaction et de ses impacts sur la santé publique et l’économie de la santé », poursuivent-ils.
Le livre blanc de la FAM a pour objectif de sensibiliser l’opinion, alors que « les années passent et le problème s’aggrave », a estimé le Pr Yves Lévi, vice-président de la FAM, lors de la présentation aux députés. Les scientifiques ne peuvent plus se contenter de « parler entre eux », a-t-il poursuivi, souhaitant « engager le dialogue », alors qu’élus et autorités doivent gérer des risques allant croissant.
À cet égard, le Pr Didier Lepelletier, président du Haut Conseil à la santé publique (HCSP), juge nécessaire de créer une structure d’aide à la décision, composée d’experts, pour nourrir les décisions sur la gestion des risques et des catastrophes.
Renforcer la confiance de la population
Dans l’optique d’une prévention efficace, outre des investissements massifs dans la recherche, le livre blanc plaide pour un renforcement de la confiance de la population via une meilleure compréhension des enjeux. L’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen, par exemple, est un « cas d’école » d’une « mauvaise communication » et de la « difficulté à accéder à l’information », a taclé le Pr Lévi. Auprès d’une population, inquiète par la présence de fumées et des retombées de suies et de cendres, une « bonne » communication aurait dû insister sur le temps nécessaire à l’obtention de données précises, a ajouté le député Jean-Luc Fugit, membre de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifique et technologique (Opecst).
Ce nécessaire effort de pédagogie sera au cœur d’un prochain avis de l’Académie de médecine en faveur de la mise en place d’un enseignement en santé à l’école afin « d’apprendre à se protéger et à protéger les autres », détaille le vice-président de la FAM.
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