Cette fois, ce n'est plus qu'une question de jours... La première salle de consommation à moindre risque (SCMR) ouvre ses portes lundi, près de quatre ans après le feu vert de Marisol Touraine. Bien que situé dans l’enceinte de l’hôpital Lariboisière, l’accès se fait par une porte discrète de la rue Ambroise Paré. Sous les fenêtres des immeubles voisins sont toujours affichées les banderoles anti « salle de shoot ». Une appellation que goûtent peu les responsables de l’association Gaïa.
Sulfate de morphine, crack...
Le quartier de la gare du Nord est le plus touché de Paris par les drogues dures. L’antenne mobile de Gaïa, qui gère le centre, y recense plus de 2 800 consommateurs. Logique donc d’y installer le premier espace de ce type. Des maraudes tenteront d’orienter les toxicomanes, sources de nuisances pour les résidents, vers le centre, insiste Elisabeth Avril.Car pour cette généraliste de formation qui dirige l’association, l’objectif de « tranquillité publique » poursuivi par l’espace Gaïa est aussi important que celui de santé publique. Une fois la porte d’entrée passée, une cour et un préau – où les usagers peuvent attacher leur chien - précèdent l’accueil où un infirmier ou un éducateur, un lavabo et du savon sont là pour recevoir les dépendants. Ici, peu d’héroïnomanes, les produits les plus consommés sont le sulfate de morphine, du Subutex, de la méthadone ou du crack, explique Thomas Dusouchet, le directeur adjoint de Gaïa.
Derrière le bureau, tout le matériel de « réduction des risques » (garrots, compresses, seringues et aiguilles stériles) est rangé dans des bacs. Plutôt que de laisser les toxicomanes consommer dans la rue, dans des conditions déplorables, l’association veut les aider à consommer « propre ». Une première étape sur la voie, peut-être, du sevrage. Mais pour Thomas Dusouchet, le plus gros défi est de les aider à « retrouver leur citoyenneté », et les accompagner vers l’hébergement et la médication.
D'ailleurs, on n'entre pas ici comme dans un moulin. Et le parcours est protocolisé. A son arrivée, chaque usager doit déclarer la substance qu’il s’apprête à consommer et s’identifier, afin que l’équipe garde une trace. Le toxicomane patiente ensuite en salle d’attente où de nombreuses brochures d’information sont à sa disposition.
Deux généralistes consultants
Une fois appelé, le toxicomane pénètre dans l’espace de consommation. Une pièce spacieuse, bien éclairée et aux murs blancs, avec douze postes de consommation. Il a le choix entre des postes ouverts, d’autres équipés de paravents, ou d’un dernier, plus isolé. Une salle d’inhalation de crack peut également accueillir jusqu’à quatre personnes. Les dépendants peuvent aussi consulter dans un cabinet, où officient notamment deux généralistes. L’ambiance est donc propice à un usage « propre ».Si la salle est supervisée en permanence par des professionnels, pas question pour autant de fliquer. « Le personnel n’est pas intrusif », insiste Thomas Dusouchet. Et la SCMR se veut être un espace de dialogue. Si les toxicomanes doivent s’entretenir avec un intervenant lors de leur première visite, ils bénéficient par la suite d’une certaine liberté. Les encadrants sont là pour aider, au besoin. Mais sans participer à l’acte d’injection ou d’inhalation.
Le nombre de consommations n’est pas limité. Seul le temps l’est, (20 minutes pour une injection, 30 pour une inhalation). « On travaille sur la consommation, l’amélioration des pratiques » justifie le directeur adjoint de Gaïa.
Une fois la drogue injectée ou inhalée, direction la salle de repos, un espace de 50 m² munis de grands coussins et d’une bibliothèque. Plus loin une cafetière, une bouilloire et un micro-ondes sont à la disposition des usagers. Enfin, un atelier baptisé « Labo Fabrik », permet aux usagers d’exprimer leur créativité. Et de se réinsérer petit à petit, espère le personnel du centre.
Un parcours chaotique
Octobre 2012 : Marisol Touraine annonce une expérimentation "avant la fin de l’année".
Février 2013 : Feu vert de Matignon pour l’ouverture expérimentale d’une SMCR.
Octobre 2013 : Avis négatif du conseil d’État sur le dispositif, qui recommande d’inscrire le dispositif dans la loi.
Décembre 2015 : La loi de santé, dans laquelle figure l’expérimentation, est adoptée
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation