C’est arrivé le… 23 janvier 1896

Röntgen fait part de sa découverte des rayons X

Publié le 23/01/2015

Crédit photo : GARO/PHANIE

Invité à la Société Médicale de Berlin le 23 janvier 1896, Wilhelm Conrad Röntgen fit part aux membres de cette société de sa découverte de rayons invisibles capables de traverser des corps opaques et d’impressionner une pellicule sensible. Ainsi définit-il ce que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de rayons X.

Röntgen, qui travaillait depuis longtemps sur les rayons cathodiques, avait découvert un soir de novembre 1895 qu’à la décharge d’un tube, complètement enrobé de carton noir, entièrement scellé pour exclure toute lumière et ceci dans une chambre noire, un carton couvert d’un côté de baryum platino-cyanide devient fluorescent lorsqu'il est frappé par les rayons émis du tube et ce jusqu'à une distance de deux mètres.

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Expériences sur la main de son épouse

Par la suite, pour étayer ses recherches, il plaça divers objets entre une plaque photographique et la source de rayonnement, ce qui lui permit de se rendre compte de leur transparence variable. Il eut ensuite l’idée de placer la main de son épouse sur le parcours des rayons. Après avoir développé l’image, il se rendit compte que celle-ci reproduisait l'ombre des os de la main de sa femme, son alliance y étant visible. Les os étaient entourés d'une pénombre représentant la chair, celle-ci étant plus perméable aux rayons. Le physicien allemand venait de réaliser le premier « Röntgenogram ».

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À la suite d'autres expériences, Röntgen constate que les nouveaux rayons étaient produits par l'impact des rayons cathodiques sur un objet matériel. Parce que leur nature était inconnue, il leur donna le nom de « rayons X ». Plus tard, Max von Laue et ses étudiants démontreront qu'ils sont de nature électromagnétique, tout comme la lumière et diffèrent seulement par une plus haute fréquence.

L’affaire des rayons N

Cette découverte suscita chez les chercheurs une vive émulation, qui aboutira en France à l'affaire des rayons N. René Blondlot avait, en effet, commencé à travailler sur les rayons de Röntgen en 1901 et il annonça en février 1903 la découverte de nouveaux rayonnements qu'il baptise « rayons N » (de l'initiale de sa ville, Nancy). Blondlot jouissant d'une excellente réputation à la suite de ses précédentes recherches sur la polarisation des champs magnétiques, sa découverte fut accueillie avec enthousiasme, notamment par l'Académie des sciences qui publia de nombreusex comptes rendus. Blondlot continue ses recherches et accumule les « découvertes », comme celles de nouveaux rayons N1 » en février 1904.

Cependant, deux scientifiques allemands, Rubens et Lummer, remirent vivement en cause la découverte de Blondiot, Puis en septembre 1904, la revue « Nature » publia un article de Robert Williams Wood, traduit un mois plus tard dans La Revue scientifique. Wood y raconte sa visite au laboratoire de Blondlot : les expériences, basées sur l'observation de la flamme d'une bougie, se déroulent dans la pénombre. À l'insu des expérimentateurs, Wood perturba les expériences : enlèvement par ses soins du dispositif déclencheur et simulations diverses. Pourtant, imperturbablement, les expérimentateurs continuaient à « observer » les effets attendus.

La Revue scientifique écrivit : « Bien qu'en France on n'entende guère de voix qui s'élèvent contre la légitimité fondamentale de ces recherches, on ne peut (pas) ne pas être frappé par l'écho d'une rumeur qui ne cesse de grossir à l'étranger, rumeur de scepticisme et d'étonnement ». À la fin de l'année 1904, l'Académie des sciences attribue tout de même à Blondlot le prix Leconte, d'une valeur de 50 000 francs, « pour l'ensemble de ses travaux ». Mais Blondlot perdit peu à peu ses soutiens et l'existence des rayons N fit bientôt long feu. Gustave Le Bon, adhérant à la thèse de l'autosuggestion, conclut : « le public à l'avenir saurait (...) à quel point un grand corps savant peut être victime de ses plus lamentables erreurs. »

Röntgen, couvert d’honneurs, mais homme modeste

Röntgen, qui avait reçu en 1901 le Prix Nobel de physique en reconnaissance des services extraordinaires qu'il a rendus en découvrant les remarquables rayons qui ont été nommés par la suite en son honneur », resta resta malgré tous les honneurs, un homme humble et modeste jusqu’à la fin de sa vie. En 1914, il fut un des signataires du Manifeste des 93 soutenant le militarisme de l'Empire allemand.

Quatre ans après le décès de sa femme, Anna, Röntgen mourut le 10 février 1923, à Munich, d'un cancer de l'intestin, sans rapport apparemment avec ses activités scientifiques, ayant été un des premiers à utiliser systématiquement des boucliers en plomb afin de se protéger de ces rayons.


Source : lequotidiendumedecin.fr