En matière de prévention du VIH, « la période récente a été marquée par une reprise soutenue de l’utilisation de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) et par une forte augmentation de sa prescription en ville par des médecins généralistes ». Telle est la conclusion d’un nouveau rapport du Groupement d’Intérêt Scientifique Epi-Phare (ANSM-Cnam) portant sur l’utilisation à visée prophylactique de l’association emtricitabine / ténofovir (Truvada ou génériques).
Presque une initiation de PrEP sur deux faite en ville
Basé sur les données du Système National des Données de Santé (SNDS) arrêtées au 30 juin 2022, ce travail met en évidence une forte augmentation des prescriptions en ville au cours du second semestre 2021 et du premier semestre 2022. Alors que la primo-prescription de la PrEP a été élargie à l’ensemble des prescripteurs en juin 2021 « au premier semestre 2022, ce sont presque 3 800 primo-prescriptions, soit 41 % de l’ensemble des initiations de PrEP, qui ont été effectuées par des prescripteurs libéraux (dont 88 % par des médecins généralistes) », résume le groupement Epi-Phare dans un communiqué. En comparaison, ce chiffre s’élevait à 1 389 (19 % des initiations) au premier semestre 2021. Dans une moindre mesure, « la part des médecins libéraux dans les prescriptions de renouvellement de PrEP a également augmenté, passant de 26 % au premier semestre 2021 à 37 % au premier semestre 2022 ».
Cette montée en puissance s’inscrit plus globalement dans un contexte d’accroissement du recours à la PrEP. Après l’infléchissement survenu en 2020 en lien avec l’épidémie de Covid-19, « la reprise des initiations de PrEP esquissée au premier semestre 2021 s'est confirmée au second semestre 2021 et au premier semestre 2022 » rapporte le groupement Epi-Phare. Fin juin 2022, le nombre total de personnes de 15 ans et plus ayant initié la PrEP en France depuis 2016 était de 64 821, soit une augmentation de 39 % par rapport à juin 2021. Le nombre de personnes ayant effectivement utilisé la PrEP (42 583) était également en hausse avec une augmentation de 40 % par rapport à la même période de l’année précédente.
Un bilan en demi-teinte
Si ces données suggèrent une dynamique de prescription plutôt favorable, elles cachent cependant d’importantes disparités selon les publics considérés. Et globalement, « la diffusion de la PrEP à toutes les catégories de population qui pourraient en bénéficier reste limitée à ce stade ». Ainsi, les utilisateurs « sont encore principalement des hommes, âgés de 36 ans en moyenne, résidant en Île-de-France ou dans une grande métropole ». La part des femmes est en légère augmentation mais elle reste marginale (4 % au premier semestre 2022 versus 2 % au premier semestre 2021).
Autre bémol, si de façon générale, le taux de maintien du traitement préventif d’un semestre à l’autre est élevé, atteignant plus de 80 %, une « part substantielle » des nouveaux utilisateurs abandonnent dans les 6 premiers mois. De telles interruptions précoces de la PrEP, dont la fréquence est en hausse, ont concerné environ un quart des personnes ayant initié la PrEP au second semestre 2021. Or « l’impact délétère majeur des interruptions de traitement sur le niveau d’efficacité préventive de la PrEP en vie réelle a été démontré dans une étude récemment menée par EPI-PHARE », souligne le rapport.
Enfin, si l’initiation de la PrEP s’accompagne le plus souvent d’une évaluation de la fonction rénale, conformément aux recommandations, la réalisation de ce contrôle tend à diminuer avec le temps (au cours de la dernière année, seulement 62 % des initiations de PrEP ont été accompagnées d’un contrôle de la fonction rénale).
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