Seuls 10 % des utilisateurs combinés de cigarettes classiques et de cigarette électronique parviendraient à arrêter de fumer et de vapoter à long terme. C’est ce que suggère une étude observationnelle américaine publiée ce 14 décembre dans le British Medical Journal (BMJ).
Quelques années après l’introduction de la cigarette électronique, parfois présentée comme un outil d’aide au sevrage tabagique, l’impact sanitaire du vapotage reste mal évalué. Au-delà de sa nocivité potentielle, son efficacité en matière de sevrage reste débattue. « Des essais randomisés contrôlés montrent que la cigarette électronique est efficace pour le sevrage tabagique à court terme, mais les preuves de son efficacité en vie réelle sont limitées », déplorent les auteurs de l'étude. Et « La plupart des études observationnelles n’ont trouvé aucune association entre (vapotage) et sevrage tabagique ».
Une utilisation concommittante fréquente
Or, comme le soulignent les chercheurs , « environ 50 % des utilisateurs de cigarette électronique utilisent concomitamment des cigarettes (classiques) ».
Dans ce contexte, les chercheurs de l’Université de Washington ont voulu, chez ces fumeurs « doubles », évaluer comment la consommation de cigarettes classiques évolue à long terme par rapport au vapotage. Et ce, afin d’identifier d’éventuelles trajectoires de sevrage.
Ils se sont penchés sur la cohorte américaine PATH (Population Assessment of Tobacco and Health), et plus précisément sur 545 fumeurs doubles, qui fumaient et vapotaient en 2013-2014. Ces individus ont été interrogés environ une fois par an sur leurs consommations jusqu’à la période biennale 2018-2019, soit pendant 5 à 6 ans.
Résultat : « vapoter ne semble pas aider les fumeurs à se sevrer plus facilement » de la cigarette classique, résume le BMJ dans communiqué. De fait, seule une minorité de participants s’est véritablement servie de la cigarette électronique comme d’un outil de substitution nicotinique.
Le sevrage mixte plutôt rare
En fait, les participants ont globalement manifesté des trajectoires de tabagisme « similaires (à celles) identifiées chez les adultes fumeurs (simples) », expliquent les auteurs. Moins de 30 % ont diminué graduellement leur consommation de cigarette classique, et seuls 17 % sont parvenus à un sevrage précoce. Au contraire, la majorité des volontaires a continué de fumer des cigarettes classiques sur le long terme, puisque 68 % fumaient encore à la fin du suivi, et 55 % des participants n’avaient pas du tout baissé leurs consommations.
Certains ont même maintenu un double usage de la cigarette électronique et de la cigarette classique. Certes, deux tiers ont rapidement arrêté de vapoter. Mais 15 % des individus ont continué d’utiliser les deux produits, et seuls 10 % des participants sont parvenus à cesser à la fois de fumer et de vapoter.
Parmi les facteurs les plus susceptibles de conduire à un échec du sevrage, le BMJ liste notamment le niveau basal de dépendance à la nicotine, mais aussi l’usage concomitant de cannabis et d’autres produits contenant du tabac. Au contraire, « les utilisateurs doubles qui fumaient moins fréquemment (au début du suivi) étaient plus susceptibles de se sevrer précocement des deux produits, ou (du moins) graduellement du tabagisme classique », résume le BMJ.
Au total, cette étude « souligne la nécessité d'aider les utilisateurs doubles à abandonner les deux produits », estiment les chercheurs.
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