Faut-il vraiment vacciner les Africains contre le Sars CoV-2 ? L'OMS affiche une détermination claire à ce sujet. Son directeur général lors d'une conférence de presse le 23 mars a appelé à vacciner 70 % de la population mondiale. Mais une enquête du New York Times publiée le même jour jette le doute. Le continent africain affiche contre toute attente de très faibles taux de mortalité. Les experts s'écharpent certes sur les causes de cette protection inattendue de la population face au virus. On évoque bien sûr la jeunesse des habitants. Leur âge médian est de 19 ans, contre 43 ans en Europe mais aussi les températures élevées, la faible densité de population dans plusieurs régions, ou les offres de transports limités. Mais Stéphanie Nolen, autrice de l'enquête, récuse ces arguments. L'Asie du Sud et du Sud-Est présente des caractéristiques démographiques comparables. Pourtant l'Inde a été durement frappée par la pandémie. Enfin, les études ont prouvé que la pandémie n'avait pas déserté l'Afrique. Selon une étude de l'OMS, 65 % des Africains auraient été infectés au troisième trimestre de 2021, soit un taux supérieur à celui observé dans d'autres régions du monde.
Pour ou contre
Une fois ce constat dressé, faut-il alors mener une campagne de vaccination avec l'objectif de 70 % des habitants vaccinés ? John Johnson, conseiller pour Médecins Sans Frontières ne le pense pas. En substance, ce but avait un sens lorsque l'on envisageait encore possible l'année dernière une éradication possible du virus, ou au moins une protection dans la durée. Aujourd'hui, cet objectif est intenable. On devrait donc consacrer ces moyens dans la lutte contre des maux chroniques contre le paludisme par exemple. Cette opinion est attaquée par d'autres experts. Pour le Dr Prabhat Jha (Centre de recherches en santé mondiale, Toronto), on ne sait pas de quoi sera fait l'avenir. « Un nouveau variant aussi infectieux qu'Omicron mais plus meurtrier que Delta peut émerger, laissant les Africains vulnérables à moins que les taux de vaccination n'augmentent de manière significative », explique-t-il dans le quotidien new-yorkais. Peut-on parier sur la santé d'un continent ?
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