L’ostéopathie pourrait bel et bien s’avérer efficace. Mais seulement chez l’adulte pour soulager les douleurs musculosquelettiques. Telle est la conclusion d’une revue italienne de la littérature publiée dans le British Medical Journal Open (BMJ Open).
Un engouement croissant pour l'ostéopathie
« L’ostéopathie, initialement développée aux États-Unis à la fin du 19e siècle, est fondée sur le principe selon lequel la structure (l’anatomie) et la fonction (la physiologie) de l’organisme sont interdépendantes ; elle vise à réparer des déséquilibres de cette relation », rappelle le BMJ par communiqué. Comme d’autres médecines non conventionnelles, elle suscite un engouement croissant depuis une dizaine d’années. Si bien qu’ « en 2020, une enquête a estimé que (près de 200 000) ostéopathes proposent des soins ostéopathiques dans 46 pays du monde », affirment les auteurs de l'étude.
En fait, l’ostéopathie serait surtout utilisée dans la prise en charge de douleurs musculo-squelettiques. En effet, comme le rapportent les auteurs, plus de 80 % des patients consulteraient un ostéopathe pour des douleurs lombaires, cervicales, etc. Cependant, l’ostéopathie serait également proposée au-delà de ces indications, par exemple dans le traitement de la migraine ou du syndrome du côlon irritable.
Dans ce contexte, nombre d’études ont été publiées ces dernières années afin d’évaluer l’efficacité clinique et la sécurité de l’ostéopathie dans des indications variées, rapportent les auteurs de l’étude. « Toutefois, (…) aucune conclusion claire n’a pu être formulée. » Ainsi, les chercheuses issues de l’Ecole supérieure d’Ostéopathie de Turin, de l’Institut auxologique - de recherche et de soins - de Milan et de la Faculté de médecine de Naples ont tenté de « faire le point sur les preuves cliniques disponibles sur l’efficacité et la sécurité de l’ostéopathie dans différents troubles ».
Pour ce faire, « les auteurs se sont penchées sur les bases de données scientifiques, à la recherche de revues systématiques et de métaanalyses portant sur des essais cliniques randomisés contrôlés pertinents publiés jusqu’à novembre 2021 », indique le BMJ. Une démarche qui leur a permis d’identifier 9 travaux portant sur un total de 55 essais – conduits par des ostéopathes ou des médecins formés à l’ostéopathie – et 3 740 volontaires.
Des données d'efficacité « prometteuses » chez l'adulte
Résultat : selon les auteurs, « en termes d’efficacité, l’ostéopathie apparaît prometteuse dans les troubles musculosquelettiques, principalement en réduisant la douleur et en améliorant le fonctionnement chez les patients souffrant de douleurs lombaires aiguës ou chroniques (y compris liées à) la grossesse » ainsi que chez les individus souffrant de douleurs cervicales ou d’autres douleurs ostéoarticulaires ou musculaires non cancéreuses. En tout cas, comme le précise le BMJ, dans ces indications, l’ostéopathie ferait mieux sur les douleurs que des traitements placebo (« fausse ostéothérapie » et thérapie par le toucher léger, notamment), qu'une absence de traitements, mais aussi que des approches conventionnelles ou non (physiothérapie, etc.).
Cependant, cette conclusion ne serait valable que chez l’adulte, et ne pourrait être étendue à d’autres indications. « La petite taille des échantillons, des résultats contradictoires et d’importantes variations dans la conception des études limitent voire rendent non concluantes les preuves de l'efficacité de l'ostéopathie pour une utilisation chez les enfants souffrant de diverses conditions, allant du trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité à l'asthme et aux coliques infantiles, et dans le traitement de la migraine et du syndrome du côlon irritable », résume le BMJ.
Un profil de sécurité rassurant ?
Quoi qu’il en soit, le profil de sécurité de l’ostéopathie semble plutôt favorable. En effet, d'après les auteurs, les 7 études inclues dans leur revue de la littérature qui se sont intéressées aux effets indésirables potentiels de l’ostéothérapie « ont rapporté une bonne tolérance », avec « des effets secondaires transitoires et d’intensité légère à modérée ». Toutefois, seules deux études avaient préalablement défini comment ces effets secondaires étaient mesurés, souligne le BMJ.
Au total, si cette publication du BMJ plaide plutôt en faveur de l’ostéopathie chez les adultes contre les douleurs ostéoarticulaires ou musculaires, la balance bénéfice-risque de cette médecine non conventionnelle reste à préciser. « Au regard du faible nombre d'études disponibles, dont certaines sont de qualité moyenne, notre point souligne la nécessité d'effectuer d'autres (études systématiques) bien menées ainsi que des essais cliniques (qui doivent suivre les directives spécifiques pour les études non pharmacologiques) », soulignent les auteurs.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation