La vaccination anti-Covid-19 ne permettrait de réduire que de 15 % le risque de développer une forme post-aiguë de la maladie. Telle est la conclusion d’une vaste étude américaine publiée dans Nature Medicine le 25 mai.
Plus de deux ans après le début de la pandémie, le Covid long continue d’interroger – que ce soit sur sa symptomatologie exacte, sa prévalence, les mécanismes physiopathologiques qui le sous-tendent, etc. Parmi les inconnues qui persistent : le risque de survenue de formes prolongées de Covid-19 chez les sujets vaccinés. Une zone d'ombre que les auteurs du présent travail ont tenté d’éclairer.
Environ 13 millions d'anciens combattants inclus dans l'étude
Pour ce faire, les chercheurs se sont penchés sur des données de santé issues des dossiers médicaux électroniques d’anciens combattants américains, dont près de 34 000 vaccinés qui ont été infectés par le SARS-CoV-2 entre janvier et octobre 2021. Ils ont alors estimé le risque de séquelles de Covid-19 à 6 mois dans cette population, et ont comparé leur cohorte à un groupe de 113 000 anciens combattants non vaccinés infectés par le SARS-CoV-2 pendant la même période – ainsi qu’à « plus de 13 millions de personnes qui n’ont pas été infectées » entre janvier et décembre 2021, précise un article de Nature portant sur l’étude.
Résultat : la vaccination s’avère bel et bien protectrice contre les formes prolongées de Covid-19. « Les individus (vaccinés puis infectés) (…) présentent un risque de séquelles post-aiguës plus bas (…) que les personnes infectées par le SARS-CoV-2 sans antécédent de vaccination », indiquent les auteurs de l’étude. Selon leurs analyses, ce risque resterait abaissé pour une majorité des séquelles considérées (24 sur 47), et en particulier pour les troubles hématologiques ou de la coagulation et les séquelles pulmonaires. En outre, la protection conférée par le vaccin semble augmenter avec la sévérité initiale de la maladie.
La vaccination associée à une réduction du risque de Covid long de 15 % seulement
Cependant, globalement, cette protection ne serait que partielle. « Les chercheurs ont trouvé que la vaccination ne semblait réduire la probabilité de survenue du Covid long chez les personnes qui ont été infectées que de 15 % environ », résume l’article de Nature. Un chiffre qui pourrait s’avérer encore abaissé chez les immunodéprimés, et qui apparaît plus pessimiste que ceux dégagés par d’autres études conduites à ce sujet, à l’instar d’un autre travail de grande envergure, « qui a analysé les données autodéclarées d’1,2 million d'utilisateurs de smartphones au Royaume-Uni et a constaté que deux doses d'un vaccin Covid-19 pouvaient réduire de moitié le risque de Covid long », ajoute l’article de Nature.
Si bien que les vaccinés infectés par le SARS-CoV-2 risqueraient au total eux aussi de développer des symptômes prolongés de Covid-19. Par rapport aux individus n’ayant pas contracté le Covid-19, les vaccinés contaminés par le coronavirus inclus dans l’étude « avaient un risque accru d’avoir au moins une séquelle post-aiguë de SARS-CoV-2 (HR = 1,50) », correspondant à un fardeau de 122 cas pour 1 000 personnes 6 mois après le diagnostic.
Un travail qui ne prend pas en compte la diffusion d'Omicron
Malgré sa taille importante, cette étude présente diverses limites. À commencer par la faible proportion de femmes (8-10 %) – pourtant potentiellement particulièrement concernées par le Covid long – dans la population étudiée. Autre limite importante : la période étudiée, antérieure à la diffusion d’Omicron mais aussi à la progression de la campagne de rappel. Toutefois, ce travail plaiderait pour le maintien des mesures de freinage du SARS-CoV-2, la poursuite des recherches sur les formes prolongées, voire sur le développement de traitements des symptômes post-aigus.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation