Le syndrome inflammatoire multisystémique (PIMS ou MIS-C) post-Covid chez l’enfant serait lié à la réactivation d’un virus d'Epstein-Barr (EBV) dormant. C’est ce qu’avancent des chercheurs de La Charité-Universitätsmedizin Berlin (Allemagne) et du Centre allemand de recherche en rhumatologie (DRFZ), dans une publication dans Nature. Les auteurs entrevoient désormais « une voie à de nouvelles méthodes de traitement qui pourraient ne pas se limiter au PIMS ».
Le PIMS, un choc hyperinflammatoire aigu sévère, peut se présenter quatre à huit semaines après une infection aiguë par le Sars-CoV-2. Il se manifeste par une expansion spécifique des lymphocytes T (LT) et une hyperinflammation systémique pouvant se traduire par une insuffisance cardiaque, des éruptions cutanées et une forte fièvre. Il est aujourd’hui traité par anti-inflammatoires comme les immunoglobulines ou les préparations à base de cortisone, voire immunomodulateurs. Jusqu'à présent, sa cause précise était inconnue.
Rôle de la cytokine TGFβ
Ce travail repose sur une cohorte internationale de 250 enfants âgés de 2 à 18 ans ayant eu un Covid-19 : 145 ont été admis à l’hôpital pour un PIMS et 105 n’en avaient pas développé. Parmi les enfants atteints d’un PIMS, tous avaient également une poussée d’infection EBV caractérisée par la présence du virus dans le sang ainsi que des niveaux élevés d’anticorps anti-EBV.
Chez ces enfants, les auteurs ont observé, après l’infection par le Sars-CoV-2, une augmentation anormale des taux de cytokine TGFβ sérique – une molécule anti-inflammatoire – empêchant les cellules immunitaires de contrôler l’EBV dormant et lui permettant de proliférer de nouveau. En réponse, l’organisme produit davantage de LT spécifiques au virus, « pas toujours fonctionnels » car présentant « une altération de leur réactivation », aboutissant ainsi à une réaction inflammatoire extrême. Les auteurs ont ainsi conclu que l’infection par le Sars-CoV-2 « plonge le système immunitaire de l’enfant dans un tel désarroi qu’il devient incapable de contenir l’infection dormante par l’EBV ».
Des parallèles avec le Covid long et les formes graves
Selon les auteurs, « la cascade inflammatoire pourrait être interrompue en bloquant précocement le TGFβ ». De plus, « ces nouvelles connaissances pourraient s'avérer pertinentes pour le traitement d'autres affections liées au Covid-19 » comme le Covid long. « Certains éléments indiquent, par exemple, que la réactivation de virus dormants pourrait jouer un rôle dans le Covid long. Il pourrait y avoir des parallèles avec les processus à l'œuvre dans le PIMS, ce qui ferait des inhibiteurs du TGFβ des candidats potentiels pour le traitement du Covid long ».
Les cas de Covid-19 sévères pourraient également profiter de thérapie de blocage du TGFβ, des taux élevés de cette cytokine étant également retrouvés chez des adultes atteints de formes sévères de la maladie. Désormais, d’autres études seront nécessaires pour « déterminer si les inhibiteurs du TGFβ constituent des traitements efficaces pour les maladies liées au Covid ».
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation