En 2021, à Paris et sa région, l'incidence du syndrome du bébé secoué (SBS) a doublé et la mortalité qui y est liée a été multipliée par 9, par rapport aux années précédentes, indiquent les résultats d'une étude parue le 30 août dans le Jama Network open.
Afin de mieux identifier et objectiver les risques de négligence ou de maltraitance des enfants liés à la crise sanitaire du Covid-19 et aux mesures de confinement plus ou moins strict, une étude de cohorte longitudinale a été réalisée par des médecins et chercheurs des services d’anesthésie-réanimation, de neurochirurgie et d'imagerie pédiatriques et de l’équipe mobile de protection de l’enfance de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, de l'Université Paris Cité et de l’Inserm. « Tous les cas consécutifs de SBS chez les nourrissons de moins de 12 mois adressés entre janvier 2017 et décembre 2021 à l'hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, unique centre d’urgences neurochirurgicales pédiatriques de la région parisienne, ont été inclus : soit 99 nourrissons », précise le communiqué de l'Inserm/AP-HP.
Parmi les 99 enfants atteints de SBS, les signes de gravité des violences infligées ont été étalblis : 87 % avaient une rupture des veines ponts, 75 % des hémorragies rétiniennes, 32 % des fractures, 26 % un état de mal épileptique, et 13 % sont décédés.
Plus de cas de SBS et plus de cas graves
Par rapport à la période pré-pandémique (2017-2019), l'incidence de SBS est restée stable en 2020 (aIRR = 1,02). Mais elle a quasi doublé en 2021 (aIRR = 1,92). La sévérité des lésions consécutives à ces SBS ont été beaucoup plus importantes en 2021, puisque la mortalité a été multipliée par 9 (OR = 9,39), indiquent les résultats de l'étude.
Les raisons précises de ces données n'ont pas été établies. Un des faits marquants est que l'augmentation de l'incidence de SBS n'a pas été constatée la première année de la pandémie (en 2020) où les mesures de confinement ont été importantes, mais l'a été durant la deuxième année, peut-être « en raison d'une accumulation de la détresse psychosociale », indiquent les auteurs de ce travail.
Une autre hypothèse expliquant l'augmentation du nombre de SDS en Île-de-France pourrait être : la réduction des programmes de prévention et de détection précoce de la maltraitance, avance les signataires de cette étude qui ajoutent : « il serait intéressant par la suite d’étudier si l'augmentation a été hétérogène géographiquement au sein de la région parisienne et si elle est liée à des conditions de vie spécifiques ».
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