Des chercheurs du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) ont découvert des marqueurs moléculaires sanguins qui, détectés à la naissance, sont associés au développement ultérieur d’une leucémie aiguë lymphoblastique à précurseurs B (pré-B LAL). Ces marqueurs épigénétiques affecteraient également le pronostic du patient. Fruit d’une collaboration avec 17 institutions internationales, les auteurs ont pu réitérer leur constat dans trois continents, pour différentes origines ethniques et avec différentes technologies. Ce travail, publié dans Molecular Cancer, offre de nouvelles perspectives pour la prévention, le diagnostic précoce et les thérapies ciblées de la pré-B LAL.
Des modifications épigénétiques variables selon le stade du cancer
« Parce que les cancers de l’enfant pourraient avoir une origine in utero, nous avons principalement exploité des échantillons à la naissance d’enfants ayant développé un cancer par la suite », explique Akram Ghantous, chercheur au Circ et auteur principal de l’étude. L’équipe a constitué, à partir de prélèvements sanguins et de moelle osseuse, des « journaux de bord moléculaires » sur 10 ans à différents stades de vie des patients (naissance, diagnostic, rémission, voire rechute). Ces cartographies ont ensuite été comparées à celles de sujets témoins.
Chez les enfants ayant développé une pré-B LAL, ils retrouvent dès la naissance des modifications épigénétiques, à titre d’hyperméthylation de l’ADN sur le site VTRNA2-1, laissant penser qu’elles se sont déroulées durant la période in utero. L’hyperméthylation était significativement associée à une diminution de la survie et à une expression réduite de VTRNA2-1, suggérant un rôle fonctionnel et traductionnel de la méthylation.
Les chercheurs, qui n’ont pas observé de changement dans le code de l’ADN, ont en revanche montré que le taux de méthylation revenait à la normale chez les patients répondant positivement à la thérapie anti-cancéreuse, et qu’il réaugmentait en cas de rechute. Selon eux, le niveau de méthylation est un indicateur du stade de la leucémie et de la survie du patient.
Cibler VTRNA2-1
Le niveau de méthylation, qui est réversible, ouvre la porte à une intervention en prévention. VTRNA2-1 est un ARN non codant connu pour avoir un rôle protecteur dans de multiples cancers via plusieurs voies de régulation : une hyperméthylation réduit son expression, ce qui entraîne, entre autres, une accumulation des cellules précancéreuses. VTRNA2-1 pourrait ainsi être une cible intéressante pour des thérapies épigénétiques.
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