Des chercheurs britanniques, issus notamment de l’Institut de recherche sur le cancer (Londres), ont mis en évidence la supériorité de l’efficacité d’un score de risque polygénique par rapport au dosage du PSA et à l’IRM dans le dépistage du cancer de la prostate chez des hommes âgés de 55 à 69 ans. Des résultats publiés dans The New England Journal of Medicine.
Le score de risque polygénique proposé par les auteurs de l’étude Barcode1 est composé de 130 variants associés au risque de cancer de la prostate, déterminés à la lumière de précédentes études d’association. « Cette étude est la preuve la plus solide à date d’une utilité clinique d’un score polygénique dans le dépistage du cancer de la prostate », commente le Pr Michael Inouye de l’Université de Cambridge auprès du Science Media Centre. « Elle va plus loin que les précédentes en proposant une comparaison directe avec le schéma standard de dépistage », complète le Pr Oliver Pain du King’s College de Londres. « Actuellement, le dépistage du cancer de la prostate est problématique », rappelle le Pr David J. Hunter, oncologue Australien, dans l’éditorial de la revue NEJM. « Le test de PSA donne lieu à de nombreux résultats faussement positifs. L'imagerie de la prostate par résonance magnétique (IRM) a été intercalée entre le dosage de PSA et la décision d'effectuer une biopsie. »
Pour rappel, en France, le dépistage précoce est proposé à partir de l'âge de 50 ans pour les hommes sans facteurs de risque, et repose d’abord sur un toucher rectal et/ou le PSA total, ainsi que la recherche d’antécédents familiaux et des origines ethniques, puis en cas de risque élevé, sur une imagerie voire une biopsie.
71,8 % des participants dépistés positifs par le score ne l'auraient pas été par la procédure standard
Les auteurs ont invité 40 292 personnes âgées de 55 à 69 ans à réaliser un prélèvement salivaire afin de calculer leur score de risque polygénique de cancer de la prostate à partir de l’ADN. Parmi elles, 8 953 (22,2 %) ont exprimé un intérêt pour le test et 6 393 (15,9 %) l’ont vraiment réalisé. Au total, 745 (11,7 %) participants avaient un score situé dans le 90e percentile ou plus et devaient se soumettre à un dépistage par imagerie et une biopsie, quel que soit leur taux de PSA. Seuls 468 (62,8 %) d’entre eux ont finalement réalisé les examens de dépistage et il s’est avéré que 187 participants (40 %) étaient bien atteints d’un cancer de la prostate.
Au moment du diagnostic, leur âge médian était de 64 ans, le taux de PSA médian de 2,1 μg/l et 55,1 % avaient un cancer de la prostate de risque intermédiaire à élevé, selon les critères de l’Organisation mondiale de la santé. Les auteurs estiment que le cancer n’aurait pas été détecté chez 74 (71,8 %) des participants atteints d’un cancer de stade intermédiaire à élevé via le protocole de dépistage standard au Royaume-Uni (taux de PSA élevé et IRM positive), leur taux de PSA étant inférieur à la valeur seuil (> 2,5 μg/l chez les moins de 50 ans, > 3,5 μg/l chez les 50-59 ans, ou > 4,5 μg/l chez les 60-69 ans) ou leur IRM n’ayant pas indiqué le besoin de biopsie. Enfin, ils précisent que la confirmation de ce calcul de score de risque polygénique n’est validée que pour les hommes d’ascendance européenne ; le score donne de moins bons résultats pour d’autres ascendances.
Problématique des données génétiques
« Un score de risque polygénique ne permet pas de diagnostiquer la maladie ; il s'agit plutôt d'un facteur de risque qui peut être inclus dans le cadre d'un programme de dépistage », commente le Pr David Hunter. Ce dernier considère donc le score de risque polygénique comme une première étape d’un programme de dépistage multimodal avec, à la clé, « un nombre substantiel de cas cliniquement significatifs découverts alors qu'ils n'auraient pas été détectés autrement ». Cependant, il rajoute : « Lancer un programme de dépistage du cancer de la prostate avec l'évaluation d'un score de risque polygénique nécessiterait un investissement à grande échelle dans la gestion et l'analyse des puces à ADN et soulèverait une foule de questions concernant le stockage des données génétiques et leur utilisation pour calculer le risque de nombreuses autres maladies ». « Il est clair que nous en sommes loin », conclut-il.
Pour les auteurs de l’étude Barcode1, des recherches sont nécessaires pour définir l’âge recommandé pour la réalisation de score, et le tester chez des hommes d’ascendance non-européenne, avant de l’implémenter aux côtés des autres facteurs de risques connus.
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