Chaque année en France, 50 à 100 femmes décèdent d'une cause liée à la grossesse, à l'accouchement ou à leurs suites. Les principales origines de ces décès maternels sont les maladies cardio-vasculaires (CV) et les suicides, indique les résultats du 6è rapport de l'Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM), publié par Santé publique France et l'Inserm pour la période 2013-2015.
La mortalité maternelle se définit comme la survenue du décès d'une femme au cours de sa grossesse et jusqu’à un an après l'accouchement. Ce rapport précise que la mortalité maternelle est reconnue « comme un indicateur de surveillance de la santé maternelle et donne une information non seulement sur le risque attribuable à la grossesse et à l’accouchement, mais aussi sur la performance du système de soins ». C'est le Comité national d'experts sur la mortalité maternelle (CNEMM) qui assure cette surveillance.
Dans la moyenne européenne
Au total 262 décès maternels ont été enregistrés entre 2013 et 2015 en France, soit en moyenne 1 tous les 4 jours. « Le ratio de mortalité maternelle – RMM - 10,8 décès pour 100 000 naissances vivantes est stable par rapport aux deux périodes de surveillance précédente (2010-2012 et 2007-2009) et se situe dans la moyenne Européenne », précise ce rapport.
Les maladies CV sont responsables de 13,7 % des morts maternelles, et les suicides de 13,4 %. Viennent ensuite les embolies amniotiques (11 %), les thrombo-embolies veineuses (9 %) et les hémorragies obstétricales (8 %). C'est la première fois depuis la première enquête, que les hémorragies obstétricales ne sont plus la première cause de mortalité maternelle. Leur fréquence de décès a été diminuée par 2 en l'espace de 15 ans.
Quels sont les facteurs de risque ?
Les facteurs de risque sont surtout le fait d'une vulnérabilité socio-économique (pour 26,5 % de ces décès). Les femmes nées hors de France sont aussi davantage à risque (surtout pour celles originaires d'Afrique subsaharienne). Le lieu de résidence intervient également, avec un niveau de mortalité maternelle plus élevé en Outre-mer et en Ile-de-France. Parmi les autres facteurs de risque : l'obésité et l'âge (risque multiplié par 4 au-delà de 40 ans).
Les auteurs de ce rapport insistent sur le fait que la majorité (58 %) de ces décès sont considérés comme « évitables » ou « peut-être évitables ». Ainsi, le Comité a formulé 30 messages clés destinés aux professionnels de santé, mais aussi aux femmes et leur famille, comme « l’importance de l’examen médical non strictement obstétrical de la femme enceinte et la recherche d’antécédents psychiatriques et addictologiques, et d’une vulnérabilité sociale ; ainsi que l’évaluation des risques de complications avant la conception et en début de grossesse qui doit permettre une planification de la prise en charge de la grossesse individualisée. »
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