Le vaccin à ARNm de Pfizer/BioNTech semble efficace chez la femme enceinte. C’est ce que conclut une étude observationnelle israélienne publiée en début de semaine dans le JAMA.
Alors qu’il est établi que la grossesse constitue un facteur de risque de formes graves de Covid-19 et que les femmes enceintes comptent parmi les publics à vacciner en priorité, les données d’efficacité et de sécurité des vaccins anti-Covid-19 dans cette population manquent encore. Et ce notamment car jusqu’à maintenant, les essais de phase 3 ont exclu les femmes enceintes. Ainsi les chercheurs ont-ils proposé d’évaluer en vie réelle les performances du vaccin de Pfizer contre les infections à SARS-CoV-2 dans cette population.
Pour ce faire, les auteurs ont utilisé la base de données d’un fonds de santé auquel adhère un quart de la population israélienne. Plus précisément, ils ont recueilli et analysé les données médicales de plus de 15 000 femmes qui étaient enceintes entre décembre 2020 et février 2021 et dont la moitié a été vaccinée pendant cette période.
Des résultats moins saillants qu'en population générale
Résultat : « chez les femmes enceintes, la vaccination par [Comirnaty] est associée à un risque plus faible d’infection par le SARS-CoV-2 », indiquent les chercheurs. À partir de 4 semaines après la vaccination, seules 10 infections ont en effet été enregistrées parmi les femmes vaccinées – contre 46 dans le groupe des non vaccinées. Des chiffres qui correspondraient, comme le calculent les auteurs, à une réduction significative du risque d’infection (HR ajusté de 0.22) et à une efficacité vaccinale de 78 %.
En outre, chez la femme enceinte, l’efficacité de Comirnaty augmenterait avec le temps. « Il n’y avait pas de différence significative [de l’incidence du SARS-CoV-2] entre les groupes au cours des 10 premiers jours suivant la vaccination (HR ajusté de 0.96) », détaillent ainsi les auteurs. Au contraire, une réduction significative du risque d’être infecté aurait commencé à être observée parmi les femmes vaccinées par rapport aux non-vaccinées entre le 11e et le 27e jour suivant la vaccination (HR ajusté de 0.46), pour augmenter encore après j28.
Cependant, dans cette étude, la différence de risque absolu d’infection par le SARS-CoV-2 entre patientes vaccinées et femmes non vaccinées était en effet faible, admettent les auteurs. Ainsi, plus de 0.33 % des patientes vaccinées ont-elles été infectées par le SARS-CoV-2 entre 28 et 70 jours après la vaccination, contre 1.64 % des patientes non vaccinées – soit une différence absolue de seulement 1.31 %. De plus, parmi les patientes infectées, la proportion de formes symptomatiques apparaissait identique chez les femmes vaccinées et chez les non-vaccinées.
Des chiffres que les chercheurs expliquent par au moins deux phénomènes. « Le bénéfice du vaccin peut être quelque peu atténué [chez les femmes enceintes] par rapport au grand public, car il est conseillé aux femmes enceintes de prendre des précautions supplémentaires […] et de respecter particulièrement les directives de distanciation sociale, quel que soit leur statut vaccinal », estiment-ils. Autre hypothèse : les mesures appliquées à toute la population israélienne en début d’année, qui ont rapidement impacté la circulation du virus dans le pays, auraient également pu conduire à une diminution de l'incidence du Covid-19 chez les femmes enceintes non vaccinées, et de ce fait à une sous-estimation des bénéfices du vaccin chez les femmes enceintes. « La réponse immunologique peut également être différente chez les femmes enceintes », conjecturent aussi les auteurs. Enfin, la conception observationnelle de cette étude lui conférerait « un potentiel de confusion résiduelle […] important ».
Une bonne sécurité d’emploi
Quoi qu’il en soit, ce travail suggère que le profil de sécurité du vaccin chez les femmes enceintes apparaît favorable.
De fait, sur les plus de 7 500 femmes vaccinées pendant leur grossesse incluses dans l'étude, moins de 70 auraient rapporté des effets indésirables. Plus rassurant encore : aucune n’aurait signalé d’effets indésirables graves ou de fièvre prolongée – classiquement préjudiciable chez la femme enceinte. Les symptômes décrits, tous spontanément résolutif en 24 heures, consistaient effectivement en des céphalées, des maux d’estomac, d'autres douleurs, de la fatigue, des vertiges, et éventuellement, pour une minorité de patientes, en des éruptions cutanées ou des troubles ophtalmologiques bénins.
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