Les données suggérant que l’efficacité des vaccins anti-Covid-19 à ARNm diminue avec le temps après la seconde injection s’accumulent. Alors que la HAS vient de se prononcer en faveur d’un rappel à 6 mois pour tous les plus de 65 ans et les patients vulnérables, aux États-Unis, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains ont publié le 24 août une étude observationnelle suggérant une perte d’efficacité significative des vaccins à ARNm.
Chute d’efficacité de 91 à 66 % aux États-Unis
Comme le rappelle la HAS, « la durée de protection à long terme conférée par la primovaccination complète n’est pas connue à ce jour ». Dans ce contexte et face à la montée en puissance du variant Delta, les autorités sanitaires américaines ont organisé le suivi sur plusieurs mois de cohortes prospectives de professionnels de santé de première ligne, particulièrement exposés au SARS-CoV-2. Au total, 4 217 sujets – dont plus de 3 400 ont été vaccinés par un vaccin à ARNm (pour 98 % d'entre eux) – ont accepté de se soumettre à des tests PCR à un rythme hebdomadaire entre le 14 décembre et le 14 août.
Résultat : alors que globalement, pendant les 35 semaines d’analyse, la vaccination a permis de protéger d’une infection symptomatique environ 80 % des vaccinés, ce chiffre masque une variation significative de l’efficacité des vaccins à ARNm au cours du temps.
De fait, pendant une première phase d’analyse, qui s’est étendue de décembre à avril, l’efficacité des vaccins a d’abord été estimée à 91 % contre les formes symptomatiques. Mais à l’issue d’une seconde phase de suivi, qui a commencé lorsque le variant Delta est devenu prédominant aux États-Unis, les épidémiologistes ont trouvé qu’une vaccination complète ne s'avérait protectrice que contre 66 % des formes symptomatiques.
Des chiffres confirmés par des données britanniques
Les auteurs de ce travail invitent à la prudence quant à l’interprétation de cette apparente perte d’efficacité : la faible incidence du Covid-19 au sein de la cohorte affaiblirait l’étude, et cette dégradation des performances des vaccins pourrait autant être liée à un amoindrissement de la réponse vaccinale qu’à l’arrivée du variant Delta.
Toutefois, d’autres travaux britanniques publiés récemment suggèrent eux aussi une chute rapide de l'efficacité des vaccins à ARNm avec le temps.
En effet, une vaste recherche conduite en population générale notamment par l’Université d’Oxford et relayée par Nature le 19 août fait état d'un tel phénomène. D’après ses auteurs, alors que l’efficacité du vaccin de Pfizer/BioNTech dépasserait bien 90 % 14 jours après la seconde injection, elle tomberait à 85 % à 60 jours, puis à 78 % à 90 jours. Si bien qu’après 4 à 5 mois, Comirnaty présenterait des performances similaires à celles de Vaxzevria.
Dans le même esprit, une analyse du King’s College de Londres sur des données recueillies par l’entreprise Zoe – qui distribue l’application de recherche sur le Covid-19 du même nom – aurait également conclu à une chute d’efficacité du vaccin de Pfizer telle que celle-ci n’atteindrait plus que 74 % six mois après la vaccination (contre 67 % cinq mois après administration du vaccin d’AstraZeneca). C’est du moins ce que suggère un communiqué diffusé aujourd’hui.
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