Il n'y a pas de neutralité de genre en matière de cancer. Les effets secondaires des traitements sont plus fréquents chez les femmes comparées aux hommes. Or, c'est pour le moins un paradoxe, à l'heure des traitements personnalisés, le risque lié au sexe fait rarement l'objet d'évaluation lors des essais cliniques. Pourtant, selon une méta-analyse (1) ayant inclus 23 296 patients (8 838 femmes soit 37,9 % et 14 458 hommes soit 62,1 %), les femmes présentent un risque accru de 34 % d'effets indésirables graves par rapport aux hommes. La fréquence de toxicité est augmentée lors de l'administration d'une immunothérapie (49 %). La cardiotoxicité serait ainsi plus souvent retrouvée chez les femmes. Selon le principal auteur, Joseph M. Unger, biostatisticien, cité par la revue en ligne Stat, ce serait la première étude à examiner la tolérance des thérapies ciblées et des immunothérapies selon les sexes.
Variations corporelles
À ce stade, il n'existe d'ailleurs pas d'argument clair pour expliquer ces différences. Les auteurs évoquent comme première hypothèse les variations corporelles entre les sexes. D'où des doses plus élevées reçues par les femmes. Quant à l'explication par la pharmacocinétique et la pharmacodynamique, les résultats sont contradictoires pour la doxorubicine. Par ailleurs, aucune différence n'aurait été relevée entre les hommes et les femmes recevant de l'imatinib. En revanche, les femmes présentent une capacité inférieure à éliminer le fluorouracile. La piste de la pharmacogénétique est également évoquée sans oublier le microbiote compte tenu de son implication dans les processus inflammatoires, métaboliques et immunitaires. Enfin, la sensibilité plus forte des femmes à l'immunothérapie s'expliquerait par leur plus grande exposition comparée aux hommes aux maladies auto-immunes.
Pas d'arrêt de traitement
Pour autant, la fréquence plus grande d'effets indésirables n'a pas entraîné d'arrêt prématuré de traitements. De plus, une toxicité accrue peut être associée à une amélioration de la survie. En attendant, cette étude révèle un point aveugle en matière de développement des médicaments, les femmes ne sont pas des hommes comme les autres.
(1) sex differences in risk of severe adverse events in patients receiving immunotherapy, targeted therapy, or chemotherapy in cancer clinical trials, Journal of Clinical Oncology 2022 02 04.
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