« Les outils numériques ont pris toute leur place pendant la pandémie avec notamment l'explosion du télésuivi qui est devenu incontournable. Ils nous ont permis d'apporter des services supplémentaires aux patients, par exemple pour élargir notre offre d'ateliers thérapeutique », indique Sandra Malak, oncologue médicale à l'Institut Curie lors d'une plénière RCFR sur la digitalisation des pratiques. Mais ce qui prédomine chez les soignants selon l'oncologue est la crainte de ne pas disposer de suffisamment de personnels pour gérer ces outils et de ne pas pouvoir répondre à cette demande. La période de transition dans l'acquisition de l'application et la complexification des outils dans leur ensemble avec l'intégration du dossier patient informatisé doivent être gérées par les praticiens. Bref, suite à l'explosion de l'offre des app, il faudra rationaliser selon Sandra Malak.
Suite à un coup de gueule de Xavier Troussard, président de la CME du CHU de Caen et de la FHF cancer face au risque de trop-plein de numérique pour les praticiens comme pour les patients, Laure Guéroult-Accolas reconnaît le grand nombre d'appli qui naissent, mais qui ne sont pas pérennisées. Pour y remédier, il faudrait accompagner ces acteurs pour qu'ils ne meurent pas. Une autre solution serait selon Eléonore Scaramozzino, avocate en e-santé, de soumettre toutes ces solutions au cadre d'interopérabilité avant d'être référencées dans Mon Espace Santé qui ouvrira à partir du 1er janvier 2022.
En tout cas, ces outils digitaux apportent un confort non négligeable dans la prise en charge. « L'app que nous utilisons au sein de notre établissement est un outil moderne, rapide, flexible qui permet d'envoyer des petits messages à nos patientes par exemple pour leur rappeler de faire leur prise de sang », explique Elise Munier, infirmière coordination assistance chimio à l'Institut Claudius Regaud de Toulouse. Et de confirmer que l'effet texto de ce dispositif est un "truc génial" qui permet de maintenir un lien proche avec les patients, sans l'effet blouse blanche. Pour autant, « nous sommes toujours un peu sur le fil du rasoir en matière de responsabilité qui est une question difficile. Je demeure l'assistant humain de l'oncologue. »
Concernant l'explosion des pratiques, Virginie Bros, directrice des relations scientifiques et des partenariats chez Pfizer va dans le même sens. Selon elle, la crise sanitaire a mis en exergue une demande de soutien des patients. Selon une étude réalisée sur les réseaux sociaux par le laboratoire Pfizer avec l'organisme Kapcode de septembre 2019 à avril 2021 auprès de plus de 8 500 patients atteints d'un cancer métastatique (sein, uro, poumon), 15 % d'entre eux ont souffert d'un manque d'information sur leur pathologie, leur traitement et le vaccin contre la Covid. Le laboratoire s'est inscrit dans certaines actions pérennes de partenariats avec certaines start-up depuis une dizaine d'années dans le cadre de l'accompagnement des patients dans le suivi de leur maladie, mais aussi pour les soins de support. Sur ce dernier sujet par exemple, une appli développée avec l'association de patients La Vie Autour présente une cartographie des différents lieux de soins de support et les associations qui y participent.
Bref, la preuve a été apportée par des études de phase 3 que ce type de suivi apporte un bénéfice en termes de survie et de qualité de vie des patients atteints de cancer. Du pain reste sur la planche pour apporter un cadre adéquat en fonction de la mutation des pratiques.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation