«Au même titre que la mammographie, l’ostéodensitométrie devrait être systématisée pour toutes les femmes après un certain âge, probablement une soixantaine d’années. » À l’occasion de la Journée mondiale de l’ostéoporose, qui s’est tenue le 20 octobre, plusieurs associations de patients et certains rhumatologues, dont le Pr Bernard Cortet, président du groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses (Grio), ont plaidé en faveur de la mise en place d’un dépistage plus large de l’ostéoporose fondé sur le recours à la densitométrie osseuse (DMO). L’enjeu : faciliter le diagnostic et la prise en charge de l’ostéoporose alors que la DMO et les traitements de l’ostéoporose restent très peu prescrits.
Même si elle est imparfaite, « la densitométrie est actuellement le meilleur examen dont on dispose pour la prédiction du risque fracturaire », défend le rhumatologue. À titre d’exemple, « la densitométrie osseuse prédit mieux le risque fracturaire que la cholestérolémie ne prédit le risque cardiovasculaire, mais fait moins bien que la pression artérielle vis-à-vis du risque d’AVC ».
Pas assez d’ostéodensitométries après une fracture grave
Pourtant, alors que près de 40 % des femmes de plus de 65 ans pourraient souffrir d’ostéoporose, seules 671 929 densitométries osseuses ont été prescrites l’année dernière, selon la Cnam. Même si ce chiffre est plutôt en hausse par rapport aux années précédentes, « ce qui est inquiétant, c’est que le nombre de densités réalisées après fractures sévères reste faible, en dessous de 5 %, relève le Pr Cortet. Et paradoxalement, la fracture de poignet conduit à faire plus d’examens de densitométrie que les fractures sévères emblématiques ». Les données de la Cnam montrent que globalement, les fractures du poignet conduisent les médecins à prescrire environ deux fois plus de DMO que les fractures sévères. « Ces données suggèrent que les prescripteurs ont assimilé la cinétique selon laquelle on fait d’abord une fracture du poignet, puis une fracture de vertèbre et finalement une fracture de hanche ou de bassin », analyse le Pr Cortet. D’où une attitude plus interventionniste face à une fracture de poignet, dans l’espoir de prévenir la survenue ultérieure de fractures graves, et une tendance à être plus attentiste face à ces dernières, dans l’idée que « le mal serait déjà fait ».
Autre obstacle à une plus large prescription de la DMO, selon le Pr Cortet, ses conditions de remboursement, complexes et méconnues de nombreux prescripteurs.
Moins de 2 % des patients ont débuté un traitement trois mois après une fracture sévère
Si le recours à l’ostéodensitométrie reste encore trop faible actuellement, des données récentes de la Cnam suggèrent que les traitements de l’ostéoporose sont eux aussi peu utilisés. En 2018, moins de 2 % des patients présentant une fracture ostéoporotique sévère avaient débuté un traitement à base de bisphosphonate, dénosumab, tériparatide ou raloxifène trois mois après le diagnostic.
Ainsi, pour améliorer la prise en charge de l’ostéoporose, le Grio cherche à mieux informer les médecins sur les critères de prescription de ces médicaments, voire à les étendre. « La HAS préconise de prescrire un traitement devant des fractures sévères ou des patients au T-score inférieur à 3, et nous proposons de traiter également des individus au T-score inférieur à 2 et présentant des antécédents de fractures non sévères », détaille le Pr Bernard Cortet.
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