Quand Freud s’invite dans les urnes… Une équipe de chercheurs de l’Inserm en partenariat avec Sciences Po s’est demandé si les conditions de vie des enfants aiguillaient par la suite leur choix en politique une fois adulte. Et apparemment, la réponse est oui. D’après les résultats de leur étude parue dans Evolution and Human Behavior, avoir souffert de la pauvreté durant l’enfance est associé à une plus forte adhésion à des attitudes politiques autoritaire.
On choisit ses élus selon le faciès ?
Depuis le début des années 2000, la plupart des pays occidentaux voient une montée historique des partis autoritaires. D’ailleurs, les attitudes autoritaires se généralisent dans la sphère politique. Si ce phénomène repose le plus souvent sur des facteurs contextuels comme la crise économique ou la menace terroriste, des recherches récentes en biologie et en psychologie ont montré que l’environnement auquel une personne est exposée pendant son enfance peut avoir des conséquences sur son comportement d’adulte. Des chercheurs ont tenté de savoir si de tels processus jouaient un rôle dans les attitudes politiques et se sont intéressés en particulier à l’effet de la pauvreté au cours de l’enfance.
Des travaux antérieurs en psychologie ont démontré que les attitudes politiques étaient liées à des préférences pour certains types de visages ou d’expressions et que de simples jugements sur les visages de candidates permettraient de prédire les résultats d’élections. Les spécialistes de l’Inserm se sont donc inspirés de ces études. Lors des tests, ils ont demandé aux participants leurs premières impressions sur des visages modélisés par ordinateur et calibrés pour représenter des personnes qui paraissent plus ou moins dominantes ou qui suscitent plus ou moins la confiance. Un premier test incluait 41 enfants de 7 ans qui ont choisi celui qui serait leur capitaine d’équipe pour mener une expédition en montagne parmi des visages proposés. Déjà les enfants vivant dans un milieu économique défavorable préféraient des individus paraissant plus dominants et moins dignes de confiance que leurs camarades issus de milieux plus favorisés.
Pour qui voteriez-vous ?
Constatant cet effet précoce de la pauvreté, les scientifiques ont ensuite analysé les préférences politiques ultérieures. Avec la collaboration de l’institut de sondage IPSOS, ils ont mesuré les favoritismes d’un échantillon de représentatif de la population française comprenant 1 000 personnes pour des hommes politiques fictifs plus ou moins dominants et plus ou moins dignes de confiance. Les visages fictifs avec des expressions différentes étaient présentés par paires de manière aléatoire aux participants avec la question suivante : « Pour qui voteriez-vous ? » Les résultats chez l’adulte s’avèrent identiques à chez l’enfant : les individus ayant vécu enfant dans un milieu défavorable préféraient les visages autoritaires et peu dignes de confiance, et ce, quel que soit leur niveau socio-économique au moment de l’étude.
Enfin, les chercheurs se sont penchés sur les attitudes plus directement autoritaires que le faciès et ont sollicité l’opinion des participants par rapport à la phrase : « je pense qu’avoir à la tête du pays un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du parlement ni des élections est une bonne chose ». Les réponses ne laissent pas de place au doute : avoir subi la pauvreté enfant était associé à adhésion plus forte des attitudes explicitement autoritaires et non seulement chez les individus interrogés mais aussi sur un panel de 46 pays européens.
Cette étude met donc en évidence l’importance des facteurs précoces dans la détermination des attitudes politiques à travers l’exemple de la pauvreté.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation