Première au CHU de Brest, une transplantation de microbiote fécal vient d’être réalisée avec succès. Alors que le patient présentait une diarrhée persistante depuis trois mois, le transit a été normalisé en 24 heures après la transplantation du microbiote fécal. La procédure a fait l’objet d’un strict encadrement dans un document de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) en mars 2014. Elle repose sur l’instillation par voie digestive du microbiote fécal d’un donneur sain.
Succès
Pourquoi recourir en pratique à cette méthode ? Parce que le microbiote intestinal est un ensemble de microorganismes qui varient selon l’individu. On distingue en pratique trois types caractérisés par la prédominance d’une bactérie, celle du groupe Bactéroïdes, Prevotella ou Clostriodiales. Le texte de l’ANSM avait alors retenu comme principale indication les infections à clostridium difficile réfractaires à un traitement antibiotique de référence reprenant les recommandations de sociétés savantes.
Dans un article publié par The New England Journal of Medicine, les deux méthodes étaient comparées. La transplantation de microbiote générait 93,8 % de succès en cas d’infections récidivantes. Le taux chutait à 30,8 % lors de la prescription d’antibiotiques. Actuellement, cette technique dispose du statut de médicament.
Une sélection des patients rigoureuse
En l’absence d’autorisation de mise sur le marché, le cadre réglementaire retenu est celui des préparations magistrales et hospitalières ou des médicaments expérimentaux destinés à un essai clinique. Sa préparation relève donc de la responsabilité du pharmacien dans le cadre d’une pharmacie à usage intérieur d’un établissement de santé. La traçabilité revêt une grande importance. Les donneurs font l’objet d’une sélection rigoureuse et standardisée. Ils ne doivent pas présenter une pathologie chronique et avoir voyagé à l’étranger. Un surpoids, un comportement sexuel à risque, le contact avec du sang humain (piercing, tatouage, piqûre, plaie, soins dentaires), des lésions anales sont des contre-indications. Dans un second temps, un examen clinique, des tests sanguins, un examen de selles sont pratiqués chez l’éventuel donneur. En cas d’absence de micro-organisme pathogène, la préparation est alors mise en œuvre. Le délai entre le dépistage et le don sera le plus court possible, à savoir sept jours maximum. L’objectif est de minimiser le risque de contamination. Il n’existe pas de données autour de la congélation et son impact sur l’efficacité de la méthode.
Coprothèque
Une coprothèque est constituée à partir des selles brutes émises par le donneur. Les échantillons sont conservés durant au minimum deux ans. A Brest, le protocole a été strictement respecté. Et le patient sélectionné à Brest était porteur d’une infection à clostridium difficile. L’équipe qui a mis en œuvre cette expérimentation associe de nombreuses compétences de type parasitologue, bactériologue, infectiologue, virologue, pharmacien, gastro-entérologue. Ce premier succès est appelé à générer de nouvelles transplantations.
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