Depuis février 2022, l’antiviral oral Paxlovid peut-être utilisé pour le traitement du Covid chez l’adulte à risque élevé de forme grave. Dans un rapport diffusé le 13 septembre, le groupement Epi-Phare (groupement d’intérêt scientifique ANSM-CNAM) revient sur les premiers mois d’utilisation.
Selon ce travail basé sur les données du Système National des Données de Santé (SNDS), entre le 4 février et le 29 juin 2022, plus de 12 000 patients à risque de forme grave de Covid-19 ont reçu une délivrance de Paxlovid.
Beaucoup de prescriptions émanant de la ville
D'après les données transmises par le laboratoire, le médicament avait été « autant prescrit par les médecins de ville (52,1 %) que par les médecins hospitaliers (47,9 %) », indique la CNAM dans un communiqué. Il avait en revanche été délivré en majorité (64 % des cas) en pharmacie de ville.
En comparaison avec la population générale adulte, les utilisateurs de Paxlovid étaient plus âgés (âge moyen 66 ans vs 51 ans pour la population générale adulte) et un peu plus favorisés sur le plan socio-économique. Sans surprise, ils présentaient également davantage de comorbidités pouvant entraîner des risques de formes graves de Covid-19, notamment des pathologies cardiaques, des maladies respiratoires chroniques, des cancers actifs, des troubles névrotiques et de l’humeur, de la sclérose en plaques et d'autres maladies auto-immunes.
Une personne traitée sur cinq avait un cancer actif, une sur cinq un diabète, une sur dix une maladie coronaire et plus de la moitié une hypertension artérielle traitée.
Alors que pour certains comme le CNGE, l’intérêt du Paxlovid a surtout été démontré pour les patients non vaccinés, 87 % des utilisateurs avaient reçu préalablement au moins une dose de vaccin, 86 % deux doses, 78 % trois doses, 13 % quatre doses.
Simvastatine et bisoprolol principales co-prescriptions à risque
Le Paxlovid étant connu pour entraîner de nombreuses interactions médicamenteuses potentiellement graves, le rapport s’est aussi penché sur la réalité des co-prescriptions à risque. Les remboursements de médicaments contre-indiqués ou non-recommandés avec le Paxlovid ont été recherchés dans les 30 jours (ou 90 jours pour les grands conditionnements) avant la date de remboursement du Paxlovid. Résultat : « parmi les médicaments contre-indiqués, les utilisateurs de Paxlovid pourraient avoir un risque d’exposition à la simvastatine de 2 %. Parmi ceux non recommandés, le risque d’exposition au bisoprolol pourrait être de 7 % », chiffre le rapport.
En parallèle, « des cas d’interactions médicamenteuses ont été rapportés », indique la CNAM sans autre précision.
De façon plus générale, les données de pharmacovigilance recueillies pendant l’accès précoce « confirment le profil de sécurité d’utilisation du Paxlovid ». Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés sont des dysgueusies et des troubles gastro-intestinaux. Quelques poussées tensionnelles, essentiellement non graves et transitoires, ont été déclarées. « Compte tenu du fait que cela a déjà été observé dans les essais cliniques, il s’agit d’un signal potentiel en cours d’évaluation », rappelle la CNAM.
Concernant l’efficacité en vie réelle du Paxlovid, « les données recueillies par le laboratoire à ce stade n’apportent pas d’informations supplémentaires ». En conséquence, « cette première étude devra être suivie après une phase de faisabilité d’une étude d’efficacité et de sécurité en vie réelle », conclut le rapport.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation