Face à des patients qui passent de moins en moins de temps à l’hôpital, le système de santé a du retard, notamment en termes d’organisation, note tout d’abord Mario Di Palma, directeur médical à l’hôpital américain de Paris (Neuilly-sur-Seine) et coprésident du réseau ONCO 94 Ouest. En ville, les réseaux évoluent vers des dispositifs d’appui à la coordination aidant les professionnels libéraux à naviguer dans l’offre de soins. À l’hôpital, en revanche, si de plus en plus d’établissements – à l’instar de l’Institut Gustave-Roussy – disposent de structures de coordination, certains freins demeurent, notamment financiers. « Il faut convaincre les directions de l’intérêt d’avoir, sur ressources propres, des infirmières qui jouent ce rôle de coordination et ne font que cela », explique-t-il.
L’hospitalisation à domicile (HAD) adossée au CHU de Montpellier possède une structure de coordination, portée par des infirmières et des médecins, et assurant les liens entre les professionnels gravitant autour du patient. « De ces liens va dépendre la qualité de la prise en charge », souligne Sylvie Burnel, pharmacien hospitalier à l’HAD de ce CHU. Les outils dont dispose la structure ne sont toutefois pas suffisamment performants pour garantir la réactivité et la traçabilité des transmissions d’informations entre équipes ambulatoire et hospitalière. En outre, la transposition à domicile de la prise en charge hospitalière doit être revue, afin d’améliorer l’observance.
Des industriels mobilisés
Sanofi France s’est engagé en 2016 dans le projet « Excellence Académique, Scientifique et Industrielle de la santé en Île-de-France » ou « Initiative EASI Paris Région » qui vise à faire de la filière santé en Île-de-France un territoire majeur sur différents périmètres, dont le parcours du patient atteint de cancer, indique de son côté son directeur des affaires publiques, Alain Dutilleul. L’objectif ? Analyser l’utilisation des thérapeutiques dans un parcours et réfléchir à la manière de potentialiser leur effet, en faisant participer les patients à la démarche. Le laboratoire participe aussi depuis 4 ans au programme OPTI-Soins, qui soutient dans leur parcours des patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique entre deux chimiothérapies. Enfin, pour faciliter la coordination et le partage des savoirs, Sanofi va publier les résultats d’une quinzaine d’initiatives lancées en région. Pour Alain Dutilleul, « il y a trois sujets majeurs sur lesquels nous devons progresser tous ensemble : l’interdisciplinarité, la temporalité et l’évaluation ».
Formaliser les parcours
Valérie Perron, cadre de santé en hôpital de jour au centre de lutte contre le cancer de Dijon, insiste, quant à elle, sur deux éléments pour améliorer la prise en charge dans les parcours ambulatoires : anticiper la venue des patients et systématiser la consultation d’annonce infirmière. Elle pointe aussi « l’importance de définir et formaliser les parcours afin d’avoir un fil conducteur pour ne rien oublier ». Au sein de son établissement, un parcours « thérapies orales » a été créé pour accompagner le malade : des comptes rendus sont envoyés au médecin de ville et un contact est pris avec l’infirmier libéral et le pharmacien de ville du patient.
Enfin, Marie-Ève Rougé-Bugat, médecin généraliste (MG), regrette une transmission d’informations encore parcellaire : « Trente pour cent des patients nous annoncent eux-mêmes leur diagnostic ou par le biais de leur famille ». Il serait, selon elle, intéressant d’envisager, après la consultation d'annonce, une consultation systématique avec le MG, pour transmettre l’information concernant le traitement du patient. De même, la consultation des MG lors de la mise en place de dispositifs innovants et la protocolisation de certaines prises en soins lui semblent être d’autres pistes intéressantes.
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